A Dijon, Casis veut mieux identifier les maladies cardiovasculaires

L’entreprise dijonnaise Casis entend contribuer à sauver des vies grâce à son logiciel et son intelligence artificielle appliqués aux maladies cardiovasculaires.

Jean-Joseph Christophe, dirigeant de Casis. (@ Casis)
Jean-Joseph Christophe, dirigeant de Casis. (@ Casis)

Pour comprendre comment l’entreprise dijonnaise Casis, créée en 2016, utilise l’intelligence artificielle avec l’ambition d’améliorer les diagnostics médicaux liés aux maladies cardiovasculaires, il est indispensable de remonter le temps. « Pour prendre une décision, le médecin a besoin d’informations et d’outils de visualisation » explique Jean-Joseph Christophe, dirigeant de Casis. En ce sens, la médecine a d’abord profité de l’IRM dans les années 70 puis a disposé d’une imagerie spécifique à cet organe dans les années 80.

« Au milieu des années 90, le CHU de Dijon s’équipe d’une IRM cardiaque mais c’est encore un examen long pour le patient qui doit régulièrement retenir sa respiration. » relève Jean-Joseph Christophe. A l’issue de l’examen, le médecin dispose cependant d’une grande quantité de données. « Les images récoltées sont regroupées par séquences avec des informations différentes à chaque fois pour caractériser le fonctionnement du cœur. Il peut y avoir jusqu’à 800 ou 1 000 images à analyser. » Le risque est d’être noyé sous ce nombre conséquent de données.

De la thèse à l’entrepreneuriat

C’est à cette époque que le CHU de Dijon décide de se plonger dans l’analyse de ses données. C’est une des étapes majeures qui aboutiront à la création de Casis. « En 1996, le CHU de Dijon lance une thèse, par l’intermédiaire d’Alain Lalande, avec l’objectif de faciliter les calculs liés au fonctionnement du muscle cardiaque » vulgarise Jean-Joseph Christophe. En 2006, désormais salarié du CHU de Dijon, Alain Lalande travaille sur le logiciel QIR avec l’aide d’un ingénieur.

L’outil profite d’une visibilité internationale en contribuant à la détection d’une nouvelle pathologie de l’aorte et d’une publication dans une revue d’envergure. En 2016, le docteur Lalande ambitionne d’industrialiser son projet et s’associe à Jean-Joseph Christophe en ce sens. Le parcours professionnel de ce dernier lui a permis d’associer des connaissances mathématiques, médicales et numériques. Ils donnent ensuite naissance à Casis, pour CArdiac Simulation & Imaging Software.

Casis met l’intelligence artificielle au service de la médecine pour lutter contre les maladies cardio-vasculaires. (@ Casis)

Sauver des vies

Casis entend donc améliorer la prise en charge des patients porteurs d’une pathologie cardiovasculaire. Ainsi, le logiciel QIR et ses dérivés analysent les IRM, automatisent la détection des zones du cœur et calculent des centaines de paramètres en intégrant l’intelligence artificielle. Cet outil guide ainsi le médecin dans sa prise de décision clinique. « Notre rôle est de réduire le travail du médecin. Avoir une masse d’informations à traiter a forcément des conséquences sur la prise en charge et les erreurs de diagnostics. » A titre d’exemple, aux Etats-Unis, le taux d’erreur chez les généralistes face à un diagnostic cardiaque atteint 70%. Même si le chiffre diminue en milieu hospitalier équipé d’appareil spécifique avec un taux d’erreur de 17%, il reste trop élevé.

« La prise de décision cardiaque peut aller d’une semaine à un mois. Nous avons besoin de réduire les temps de décision. L’IA permet de faciliter et de sécuriser cette décision. » Déployées au CHU de Dijon, les solutions de Casis sont utilisées ailleurs en France mais aussi au Japon, en Chine, aux Etats-Unis, en Italie ou encore en Amérique Latine. Il faudra toutefois attendre encore un peu pour évaluer les performances de l’outil sur les diagnostics médicaux.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert