2025 : année sombre, selon les patrons de PME et TPE

Les chefs d'entreprise ont une vision sombre de leur activité en 2025, selon une récente étude de Bpifrance le Lab. Selon ce dernier, toutefois, la situation n'est pas aussi critique qu'en 2013 et la France ne devrait pas rentrer en récession

(c) adobestock
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« Ce qui manque à tous ces chefs d'entreprise pour avoir une meilleure vision de l'année 2025, c'est un choc de confiance », analyse Philippe Mutricy directeur des études de Bpifrance le Lab, cellule d'études de la banque publique d'investissement. Le 9 janvier, elle présentait sa 80ème enquête semestrielle de conjoncture auprès des TPE-PME. Le tableau est assez sombre, avec quelques percées de lumière. Pour 2025, « les dirigeants ne voient pas d'amélioration de leur situation », prévient Sabrina El Kasmi, responsable du pôle conjoncture macroéconomie de Bpifrance le Lab. Les dirigeants de la quasi-totalité des secteurs partagent cette analyse, même s'il existe des variations selon les activités. Les chefs d'entreprises des secteurs du tourisme et des services sont ceux qui s'attendent à la correction la plus forte. Dans l'étude, la vision des dirigeants se traduit par des « soldes d'opinion » négatifs (nombre d'entrepreneurs ayant une vision positive d'un paramètre auquel est soustrait le nombre de ceux ayant une vision négative de ce même paramètre ) pour de nombreux items. Ainsi, les dirigeants de PME et TPE sont plus nombreux à prévoir une baisse de leur activité qu'une hausse. L' indicateur atteint -6 en baisse de 14 points sur un an. Il se situe sensiblement sous le niveau de sa moyenne de long terme.

Bpifrance le Lab souligne un signal inquiétant concernant l'emploi : le solde d'opinion chute de 7 points, alors qu'il avait plutôt bien résisté jusqu'en juin dernier. Parmi les autres paramètres qui se détériorent figurent ceux sur la situation financière des TPE et des PME. Le quart des dirigeants s'attend à une dégradation de sa trésorerie dans les six mois. En outre, « les entreprises sont plus nombreuses à anticiper une baisse de la rentabilité qu'une hausse en 2025 », ajoute Sabrina El Kasmi. La situation est plus mitigée pour les investissements : 47% des dirigeants annoncent en prévoir en 2025. C'est trois points de moins qu'il y a un an et cinq de moins que la moyenne de long terme, mais cela reste supérieur au niveau de la crise de 2013. Toutefois, les montants prévus sont en très nette baisse, une tendance liée au climat d'incertitude actuel, selon d'autres études de Bpifrance le Lab.

Des fondamentaux qui résistent

Les réponses des chefs d'entreprise (interrogés en novembre 2024) sur leur activité en 2024, fournissent un éclairage complémentaire. Lequel nuance la vision sombre que ces dirigeants portent sur l'année qui s'annonce. En effet, les sondés fondent leur vision de 2025 en prolongeant ce qu'ils ont vécu en 2024, ce qui explique – au moins en partie- leurs avis négatifs, selon Bpifrance le Lab. Il est de fait que le second semestre s'est révélé particulièrement difficile. « Les chefs d'entreprise n'attendaient pas un ralentissement aussi prononcé de l'activité », note Philippe Mutricy. Le solde d'opinion concernant l'évolution du chiffre d'affaires des PME et TPE a subi un net recul au second semestre ( -8 points ), atteignant un niveau similaire à celui de 2013 (-6) . Pour 2024, le tiers des entrepreneurs s'attend à une baisse de leur activité ; les carnets de commande fondent sur fond de fléchissement de la demande.

Côté emploi, les chefs d'entreprise sont de plus en plus nombreux (18%) à déclarer une baisse de leurs effectifs plutôt qu'une hausse. En outre, le niveau d'investissement a diminué : 43% des TPE et PME en ont réalisé en 2024, soit trois poins de moins en un an. « L'investissement est la variable qui pâtit le plus du contexte actuel », pointe Baptiste Thornary, responsable des études économiques et de la conjoncture chez Bpifrance le Lab. L'expert identifie deux freins majeurs qui expliquent cette évolution. La demande vient en tête, citée par 59% des sondés. Le niveau des taux d'intérêt, en dépit de leur baisse, ainsi que le climat d'incertitude concernant la politique économique constituent deux freins complémentaires. Mais l'étude montre aussi que les autres paramètres qui conditionnent l'investissement sont dans un état moins dégradé. Les difficultés concernant le niveau de trésorerie des entreprises ou de l'accès aux crédits de trésorerie n'ont pas atteint les niveaux de 2013, selon Bpifrance le Lab. L'indicateur que constitue le niveau de remboursement des PGE, prêts garantis par l’État, va dans ce sens. « En dépit du contexte, nous ne constatons pas de hausse des craintes de non-remboursement du PGE », annonce Baptiste Thornary. 4% seulement des PME et TPE sont concernées, une proportion qui reste stable. Et 22% annoncent l'avoir déjà remboursé.

Sur la base de cet état des lieux, global, Bpifrance le Lab juge plausible une évolution de 0,8 à 1% du PIB pour 2025. Pour Baptiste Thornary, « 2025 est suspendu aux conditions macroéconomiques qui pourront jouer sur la demande . Celle de la consommation, et donc, le pouvoir d'achat et l'investissement.(...) La confiance des entreprises, la confiance des ménage seront cruciaux ». Beaucoup dépendra donc d'une éventuelle stabilisation du contexte politico-économique hexagonal et d'un apaisement des tensions internationales.

L'Intelligence artificielle en progrès

L'utilisation de l'IA, intelligence artificielle a doublé :15% des entrepreneurs l'utilisaient en 2023, pour 31% en 2024. Et si la part de ceux qui ne comptent jamais y avoir recours reste majoritaire ( 51%), elle a baissé de 20 points en un an. Mais 8% seulement des entreprises l'utilisent régulièrement. Ces pionnières sont le plus souvent des PME de taille importante. Le secteur du tourisme est en tête. Usages les plus fréquents : génération de contenu écrit, recherche et l'analyse de données, traduction.