Entreprises
Apprentissage en artisanat : une voie de plus en plus attractive
En 2022-2023, l’apprentissage dans les entreprises artisanales poursuit sa croissance portée par un taux d’emploi important et une diversification des profils, confirmant ainsi son rôle majeur dans la formation et l’insertion des jeunes.
Des profils et des parcours plus variés, une élévation du niveau de diplômes. Le dernier baromètre de l’Institut Supérieur des Métiers-MAAF, paru en septembre, confirme que l’apprentissage dans les métiers de l’artisanat attire de plus en plus de jeunes. Au cours de l’année scolaire 2022-2023, 203 570 apprentis ont été accueillis au sein des entreprises artisanales de moins de 20 salariés, soit une progression de 5% sur un an et de 36% depuis 2018-2019.
Cette filière, choisie par 22% de l’ensemble des apprentis, séduit davantage de personnes en quête de réorientation professionnelle. Certains métiers connaissent un regain d’intérêt comme la coiffure, la pâtisserie ou le travail du bois. Cette dynamique positive est en partie liée à la réforme de 2018 (loi pour « la liberté de choisir son avenir professionnel ») visant à rendre la formation en alternance plus accessible et mieux adapté aux besoins des entreprises, en permettant, notamment de diversifier les profils recrutés ( simplification des démarches, hausse des aides financières, …)
Une évolution contrastée
La croissance des effectifs d’apprentis au sein de l’artisanat varie d’un secteur à l’autre. Selon les résultats dévoilés, la hausse est surtout portée par l’artisanat des services et de la fabrication qui enregistrent une forte progression, de 9% et 8% respectivement, avec notamment, dans le détail, des hausses de 63% dans les métiers d’ambulancier et de 26% dans ceux de la prothèse dentaire. Après une augmentation de 8% l’année dernière, l’alimentation affiche en revanche un repli de 3%, en raison d’une désaffection marquée en boucherie (-10%). La boulangerie-pâtisserie et la coiffure ont respectivement formé 28 450 et 22 970 apprentis en 2022-2023, contribuant ainsi à l’insertion professionnelle. La réparation automobile suit cette tendance avec 17 950 apprentis formés (+5%).
La féminisation s’accélère
Et les métiers de l’artisanat s’ouvrent davantage aux femmes. La part des apprenties dans l’alimentation, par exemple, est passée de 30% à 36% depuis 2018-2019. Elle a aussi atteint 26% dans le secteur de la fabrication. La féminisation est plus accentuée encore dans les domaines de la pâtisserie (53%) et la prothèse dentaire (61%), avec des hausses respectives de 9 et 12 points.
L’étude met en avant l’apprentissage artisanal comme voie d’insertion efficace, puisque le taux d’emploi à six mois est estimé à 67%. Ce chiffre a grimpé de 64% à 70% depuis 2018 pour les principaux diplômes. Il s’élève à 78% pour le Brevet Professionnel et à 79% pour le BTS. La fabrication se positionne au premier rang des secteurs les plus dynamiques avec un taux d’insertion dans la vie active en moins de six mois de 74%, pour l’année 2021-2022.
Evolution des parcours
L’élévation des niveaux de diplômes, rendue possible avec la réforme de 2018, a également contribué à propulser l’attractivité de l’apprentissage. Le nombre d’apprentis préparant un diplôme post-Bac a ainsi plus que doublé, depuis cette année-là (+126%). Si le CAP reste le diplôme le plus préparé, avec une proportion de 61%, 18% des apprentis visent des niveaux supérieurs, comme le BTS ou équivalent (vs 11% avant la réforme). Selon le baromètre, l’apprentissage en artisanat attire désormais 14% de bacheliers ou de diplômés du supérieur, contre 9% en 2018-2019. Les secteurs des services, de la pâtisserie et du bois sont les plus plébiscités. L’ouverture de l’apprentissage aux 26-30 ans facilite aussi les reconversions et réorientations. Depuis la réforme, ce mode de formation accueille trois fois plus de professionnels en reconversion ou en recherche d’emploi. La part des apprentis de plus de 25 ans a aussi doublé en quatre ans et les moins de 18 ans représentent 42% des effectifs, contre 47% en 2018-2019.
L’essor de l’apprentissage artisanal concerne l’ensemble des régions métropolitaines. Il est plus prononcé dans le Nord et l’Ouest. La Nouvelle-Aquitaine et la Bourgogne-Franche-Comté affichent la plus forte dynamique, avec une hausse de 7% de leurs effectifs d’apprentis dans l’artisanat.
AÏcha BAGHDAD et B.L