Énergies renouvelables : il faut accélérer, met en garde le SER
La France a pris du retard en matière de développement des énergies renouvelables. Le combler relève de l’urgence écologique, économique et de souveraineté. L’actuel projet de loi va dans le bon sens mais reste insuffisant, juge le SER, Syndicat des énergies renouvelables. Pour lui, il faut accélérer, dans une trajectoire contrôlée.
« Si nous avions tenu notre feuille de route dans les énergies renouvelables, nous disposerions de 64 TWh d'énergie supplémentaire en France, cette année, soit six fois la capacité annuelle de production de la centrale de Fessenheim. De quoi passer l'hiver de façon bien plus confortable », explique Jean-Louis Bal, président du SER, Syndicat des énergies renouvelables, qui regroupe 450 adhérents, lors d’une conférence de presse à Paris, le 29 septembre. Ce jour là, le syndicat tenait son 23e colloque consacré à « Urgence climatique : une loi de programmation au cœur des enjeux ». En fait, il aura fallu l’impact brutal de la crise énergétique née de la guerre en Ukraine pour consacrer l’urgence d’accélérer le développement des EnR. Lequel a pris du retard. En 2020, la France n’occupait que la 17e place au sein de l'Union européenne pour sa part de renouvelables...
Le 10 février dernier, à Belfort, Emmanuel Macron, président de la République, a présenté sa stratégie énergétique, qui repose pour partie sur les EnR. Objectif, d’ici 2050 : multiplier par dix la production d'énergie solaire (100 gigawatts), déployer 50 parcs éoliens en mer (40 gigawatts) et doubler la production d'éoliennes terrestres (40 gigawatts). Préparé cet été, un projet de loi relatif à l’accélération des énergies renouvelables a été présenté en Conseil des ministres trois jours avant le colloque du SER. Le texte sera débattu au Parlement fin octobre-début novembre. Les mesures du texte sont de trois types : simplifier les procédures pour réduire les délais des projets d'énergies renouvelables, mobiliser des espaces inutilisés pour augmenter les surfaces d'installation, mieux partager la valeur avec les territoires et leurs habitants.
Accès au foncier et discours sur la méthode
Pour Jean-Louis Bal, ce projet constitue « une bonne base de travail. Toutefois, il reste largement améliorable ». Par exemple, les dispositifs qui devraient permettre d'accélérer certaines procédures sur les projets renouvelables et la possibilité de faire profiter les riverains des parcs éoliens des gains liés à la production d'électricité sont positifs, pour le SER. En revanche, « les propositions ne vont pas assez loin » sur la question de l’accès au foncier pour les projets solaires, et sur les problématiques qui concernent le gaz et la chaleur. Par ailleurs, concernant le sort qui sera fait au projet de loi, « nous craignons que le débat se focalise plus sur des affrontements politiciens que sur le fond », pointe Jean-Louis Bal.
Au delà de l’évolution du cadre législatif, le SER alerte sur un autre sujet. Il a remis une « feuille de route pour une programmation énergie-climat ambitieuse » à Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique. En effet, la nouvelle PPE, Programmation pluriannuelle de l’énergie (pour la période 2023-2028), doit être débattue au Parlement et adoptée en 2023. Ce plan doit fixer la trajectoire nécessaire à atteindre la neutralité carbone en 2050. Or, sur la méthode, « il faudrait disposer d’un suivi de la trajectoire du développement des EnR,, avec des indicateurs sur l’instruction des projets par les administrations déconcentrées. Pour l’instant, leurs effectifs ne sont pas suffisants », estime Jean-Louis Bal. Repérer très rapidement les éventuelles déviations par rapport aux objectifs fixés permettrait d’atteindre 45 % de la consommation énergétique métropolitaine assurée par les EnR en 2030, contre 19,1 % en 2020. Ce dernier chiffre est nettement inférieur à l’objectif initial (23%). Et au rythme actuel, en 2050, les EnR représenteront 37 % de la consommation, au lieu des 75 % requis pour parvenir à la neutralité carbone, met en garde le SER.