Territoires
JO 2024 : « tout cela est possible parce que la France des territoires s’est largement mobilisée »
Parcours de la flamme olympique, accueil des délégations étrangères dans les centres de préparation, label Terre de Jeux 2024, animations et développement de la pratique sportive… Éclairage sur l’implication des collectivités territoriales dans l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques. Et pour que Paris 2024 soient les Jeux de toute la France.
Début mars, soit à deux mois de l’arrivée de la flamme olympique en France, le groupe de travail constitué au sein de l’Assemblée nationale, chargé du suivi de la préparation des Jeux de Paris 2024 a auditionné les représentants d’associations d’élus locaux pour faire le point sur l’implication des collectivités territoriales dans la préparation des Jeux et leur accueil. Objectif : prendre le pouls de la mobilisation, mesurer l’avancée des préparatifs et identifier les difficultés, évaluer les retombées économiques et l’héritage des Jeux dans les territoires.
Le relais de la flamme olympique va passer par 400 villes
Sur le plan symbolique et médiatique, c’est le relais de la flamme olympique à travers la France qui va véritablement lancer l’évènement. Or, « le parcours de la flamme olympique est le plus long que l’on est jamais connu dans l’organisation des Jeux », a relevé le député Belkhir Belhaddad (Moselle, Renaissance), co-président du groupe de travail de l’Assemblée nationale. Du 8 mai, date de son arrivée à Marseille en provenance du port grec du Pirée, au 26 juillet, date de l’allumage de la vasque, lors de la cérémonie d’ouverture à Paris, le relais va traverser pas moins de 400 villes dans 64 territoires, dont cinq en Outre-mer. Quant au parcours de la flamme paralympique, il partira de 12 points différents sur le territoire, et les douze flammes convergeront vers Paris, du 25 au 28 août, en traversant toutes les régions.
Les départements en première ligne sur le parcours
« Les départements se sont engagés dès la candidature de Paris » et « le parcours de la flamme olympique a fait l’objet de discussions pendant près de trois ans », a rappelé le vice-président de l’Assemblée des départements de France (ADF), Patrick Weiten. Président du département de la Moselle, il siège au comité d’organisation des Jeux en qualité de représentant des départements. Une soixantaine d’entre eux ont ainsi répondu favorablement à la sollicitation du Comité d’organisation des Jeux : 54 départements métropolitains, six d’Outre-mer et cinq groupements de villes, dont les départements ne souhaitaient pas se porter candidats. Chacun d’entre eux a présenté un projet de parcours sur leur territoire (en six étapes sur une journée), en relation avec les villes et les régions.
Un « moment d’attractivité et de marketing territorial »
« C’est un travail long et fastidieux », a-t-il souligné, car chaque département doit travailler à la logistique du parcours de la flamme et sur l’organisation d’animations, en lien avec les communes qui portent le label Terre de Jeux. Sans oublier le volet sécuritaire, piloté par les préfets. « C’est un problème important parce que nous n’avons pas de jauges. On ne sait pas si des centaines, des milliers ou un million de personnes voudront voir passer la flamme », à chacune des étapes. Mais « on estime à 1,2 milliard le nombre de personnes qui, tous les jours, regarderont la retransmission de l’évènement, et les images des lieux emblématiques que l’on va montrer au monde ». Pour les départements, le parcours de la flamme « c’est un moment d’attractivité et de marketing territorial ».
Le label Terre de Jeux 2024 pour embarquer l’ensemble du territoire
Adjoint au maire de Compiègne, en charge des sports, et membre du comité directeur de l’Association nationale des élus en charge du sport (ANDES), Christian Tellier a rappelé que « l’ANDES est impliquée dans le label Terre de Jeux depuis 2015, afin de faire participer au maximum les collectivités ». Et « c’est une véritable réussite car il y a aujourd’hui 4 777 communautés labellisées, dont 4 505 collectivités, 16 régions et 98 départements », et « plus de 300 initiatives locales » sont d’ores et déjà recensées.
Pour aider les élus locaux à mettre en œuvre des idées d’actions et d’animations impliquant le plus grand nombre, l’ANDES a réalisé et publié, sur un site Internet dédié, un Guide des initiatives locales Terre de Jeux 2024, un kit de communication pour relayer ses actions, des témoignages d’initiatives locales innovantes, des idées et conseils pour organiser des animations pour faire vivre les Jeux au plus grand nombre sur son territoire… L’association a, par ailleurs, contribué à la création d’une billetterie pour les villes labellisées « qui leur a permis d’acquérir 55 000 billets pour emmener des centres aérés voir les Jeux olympiques pendant les vacances scolaires » et elle travaille sur « des possibilités d’hébergement pour accueillir les enfants qui viennent voir les épreuves à Paris ».
Centres de préparation aux jeux : l’élite sportive accueillie sur tout le territoire
Plus de 500 collectivités labellisées Terre de Jeux 2024 se sont également portées candidates pour accueillir des délégations sportives du monde entier, le temps d’un stage de préparation ou comme base arrière pendant les Jeux. À l’issue du processus de candidature, plus de 1 000 centres de préparation aux Jeux ont été retenus, dans 98 des 101 départements du territoire. Recensés dans un catalogue, ils ont été proposés à tous les comités nationaux olympiques et paralympiques. Charge ensuite aux fédérations et délégations étrangères de prendre contact avec les départements disposant de lieux adaptés à leur demande.
En Moselle, par exemple, « dix délégations étrangères vont venir préparer les jeux olympiques chez nous », se félicite le président du département, Patrick Weiten. « Nous allons notamment accueillir la fédération brésilienne de volley-ball, et (…), organiser des matchs de préparation avec des équipes de plusieurs pays (…). Nous allons aussi accueillir toute la délégation philippine, dont le numéro 2 mondial de saut à la perche qui va venir s’entraîner pendant un mois, avant les Jeux (…). Vous imaginez ce que cela représente en termes d’attractivité pour le territoire ? » Au final, seuls « 20 à 25% de ces centres » vont être utilisés par les délégations sportives, « donc il y aura un certain nombre de frustrations », a pointé le représentant de l’ANDES, « mais les collectivités en ont profité pour rénover leurs installations et en mettre en place de nouvelles, dans les normes ».
Surtout, « il faut que l’on soit tous conscients que si tout cela est possible c’est parce que la France des territoires s’est largement mobilisée aux côtés de tout le tissu associatif », a résumé le vice-président de l’ADF. « Tout ne peut pas se décider et se faire à Paris. On a eu la chance que les départements et les communes se sont engagés et cela restera gravé dans la mémoire collective. »