Le gouvernement Michel Barnier, sous la surveillance de la dette publique
Michel Barnier, Premier ministre, a composé un gouvernement qui comporte de nombreux ministres partisans d'une politique de l'offre. Pour autant, urgence de résorber la dette et équilibres politiques obligent, hausses d'impôts et « réforme » de la réforme de la retraite sont au programme.
Le monde économique est-il rassuré ? Le 21 septembre, la composition du gouvernement de Michel Barnier, Premier ministre, a été officiellement annoncée. L'équipe comporte de nombreux ministres favorables à une politique de l'offre dans les postes qui concernent le champ économique. A commencer par Antoine Armand (encarté Renaissance) nouveau ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, qui succède à Bruno Le Maire. C'est aussi le cas de de Marc Ferraci (Renaissance), nouveau ministre délégué à l’industrie. Et aussi d'Agnès Panier-Runacher, (Renaissance), ministre de Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques.
Toutefois, au delà de sa couleur politique, la composition nouvelle de ce gouvernement est aussi marquée par une redéfinition des périmètres des missions qui impactent de manière diverse les différents acteurs économiques. Très demandé par ce secteur qui s'enfonce dans la crise, un ministère du Logement et de la Rénovation urbaine a été défini et confié à Valérie Létard (groupe LIOT, Libertés, indépendants, outre-mer et territoires). Cette nouveauté a été immédiatement saluée par la FNAIM, Fédération nationale de l'immobilier. Le secteur du tourisme (7% du PIB) retrouve un ministère délégué – il avait disparu depuis 2007, avec à sa tête Marina Ferrari (chargée de l’Economie du tourisme, Modem). L'ESS, économie sociale et solidaire (10% du PIB) voit également son importance rehaussée : Marie-Agnès Poussier-Winsback ( Horizons) est chargée de l’Économie sociale et solidaire, de l'Intéressement et de la Participation, à Bercy.
Autre nouveauté de taille : commerçants et artisans se retrouvent sous la tutelle du ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation : Françoise Gatel ( centriste UDI) est ministre déléguée, chargée de la Ruralité, du Commerce et de l'Artisanat. En revanche, PME et professions libérales ne disposent plus d'un interlocuteur de rang ministériel.
« Le pays est dans une situation très grave »
Au delà de cette architecture de gouvernement – et des relations entre les actuels Président de la République et Premier Ministre, qui restent à écrire-, Michel Barnier a donné le là de son action à venir et ses priorités, lors d'une interview au 20 heures de France 2, le 22 septembre. Il a démarré en déclarant : « le pays est dans une situation très grave ». Et il a immédiatement cité le montant de la dette publique, 3 159,7 Md€. De fait – c'est exceptionnel- le ministère du Budget et des Comptes publics est directement placé sous l'autorité de Michel Barnier. Il est confié à Laurent Saint-Martin (Renaissance). Face à la dette publique, le Premier ministre a promis une maîtrise des dépenses publiques. Mais, il a également confirmé que des hausses d'impôts pourraient être envisagées pour « les personnes les plus fortunées » et aussi pour « certaines grandes entreprises ». Michel Barnier s'est également exprimé sur le sujet de la réforme des retraites, ouvrant la voie à une discussion entre partenaires sociaux, pour apporter des améliorations au texte, tout en préservant le cadre financier. « La CPME répondra positivement à l’appel du Premier ministre », a indiqué l'organisation patronale, dans un communiqué du 23 septembre. Celle-ci pointe aussi la nécessité de « renouer avec une croissance forte » et met en garde : « Toute hausse de la fiscalité ou augmentation du coût du travail alimenterait l’inquiétude des acteurs économiques que sont les entreprises, grandes ou petites, et les ménages. Et risquerait de se traduire par un ralentissement de l’activité, ravageur pour bon nombre d’entreprises déjà fragilisées, comme le montre l’augmentation du nombre de défaillances ».