Le gouvernement veut encourager une gouvernance toujours plus responsable des entreprises
Afin de promouvoir un modèle d’entreprise plus responsable et plus durable, le gouvernement a lancé une mission chargée d’établir un état des lieux des avancées enregistrées sur ce terrain depuis l’adoption de la loi Pacte et de proposer des pistes d’amélioration.
Dans le prolongement des dispositions de la loi Pacte, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, et la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, Olivia Grégoire, ont confié le 11 mai dernier au P-DG du groupe Rocher, Bris Rocher, une mission sur la gouvernance responsable des entreprises. L’objectif consiste à établir, deux ans après l’adoption de la loi, un premier bilan de l’appropriation par les entreprises françaises des dispositions permettant notamment d’adopter une raison d’être et la qualité de société à mission, puis de proposer des pistes pour encourager, mettre en valeur et approfondir ce type de démarche.
Évaluer, comparer, améliorer : un premier bilan, deux ans après
Ces travaux de réflexion devront s’articuler autour des grands axes fixés par la lettre de mission. Tout d’abord, « évaluer l’impact des outils en faveur d’un capitalisme plus responsable » et « identifier des voies d’approfondissement dans la continuité des avancées de la loi Pacte ». Puis « analyser les premières expériences des entreprises pionnières dans l’adoption de leur mission pour inspirer d’autres entreprises » et « établir un comparatif à l’échelle européenne, en fonction des différentes législations et certifications en cours ». Et enfin, « formuler des propositions pour tirer le meilleur parti des avancées de la loi Pacte en faveur d’une gouvernance plus responsable des entreprises, pour renforcer la diffusion de ces principes et de ces outils ».
Des outils pour promouvoir une gouvernance plus responsable
« Il y a beaucoup d’acteurs citoyens dans les entreprises, avec des pratiques extrêmement responsables », et « le rôle de l’État est de donner les outils aux entreprises pour qu’elles puissent le faire savoir et encourager les autres à s’engager dans cette démarche », a expliqué Olivia Grégoire, au cours d’une table-ronde organisée à l’occasion du lancement de cette mission.
« La loi Pacte est une loi très opérationnelle » qui propose « une boite à outils », et il faut « continuer à réfléchir sur les outils et dispositifs à mettre en œuvre pour promouvoir une gouvernance toujours plus responsable et plus durable », notamment sur le terrain de « la gouvernance actionnariale ». En parallèle, « je prendrai une nouvelle initiative à la fin du mois pour que les entreprises puissent faire savoir ce qu’elles font déjà ».
Raison d’être et raison d’y être
Le gouvernement a souhaité confier cette mission au P-DG du groupe Rocher qui est d’ores et déjà très engagé sur ce terrain. Le groupe, qui avait adopté une raison d’être avant même la promulgation de la loi Pacte, fait en effet partie des toutes premières entreprises à s’être transformées en « société à mission » . Selon la Communauté des entreprises à mission, une association créée en 2018, environ 200 entreprises françaises ont aujourd’hui adopté la qualité de société à mission.
« La raison d’être d’une entreprise c’est la raison d’y être – ou pas – pour un collaborateur », a témoigné Bris Rocher, petit-fils du fondateur de ce groupe familial breton qui compte aujourd’hui 10 marques (essentiellement de cosmétiques) et plus de 17 000 collaborateurs. Et avec la société à mission, « la culture d’entreprise, qui est le meilleur moyen d’attirer les talents, a trouvé un support juridique ».
Inventer l’entreprise de demain
En quelques années, « nous sommes passés de l’ère du mécénat à la RSE et, aujourd’hui, à l’entreprise à mission » et « je ne peux qu’encourager les entreprises à s’engager dans cette démarche », a-t-il poursuivi. Et face « au risque d’être accusé de purpose washing [pratique qui consiste à revendiquer un engagement pour une cause sans que cela ne se traduise réellement dans les faits], il y a trois règles : les actes, les actes et les actes. Il faut passer de l’ère du storytelling au storydoing », a-t-il déclaré. Avant de conclure : « concrètement, on est en train d’inventer l’entreprise de demain ». La remise du rapport est prévue fin octobre 2021.