Le secteur du bâtiment s'engage à plus de solidarité économique
Plusieurs organisations représentatives du secteur du bâtiment se sont engagées à tenir des pratiques plus solidaires entre elles, sous l'égide de la Médiation des entreprises, à Bercy.Toutefois, la démarche ne fait pas l'unanimité.
S'agit-il des prémisses du monde d'après ? Le 11 juillet, à Bercy, 11 représentants d'organismes du secteur du bâtiment, comme l'AIMCC, Association française des industries des produits de construction, la FFB, Fédération française du Bâtiment, ou encore la FNTP, Fédération nationale des Travaux Publics, ont signé une « déclaration de la filière Bâtiments et travaux publics », en présence d'Olivia Grégoire, ministre déléguée, chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme. Rédigée sous l'égide du Médiateur des entreprises, Pierre Pelouzet, la « déclaration » n'a pas de force légale contraignante. Elle vise à promouvoir des comportements qui permettent à chacun des acteurs de la filière de passer au mieux la crise, au bénéfice de tous.
« Économiquement, la solidarité a du sens », a insisté Pierre Pelouzet. Parmi les « bonnes pratiques » figure, par exemple, le partage de l'information. « Il est recommandé à tous les acteurs de la chaîne de valeur(...) d'être en capacité de pouvoir expliciter et justifier les hausses de coûts à leurs clients respectifs jusqu'au consommateur final, en leur donnant la meilleure visibilité possible sur les perspectives d'approvisionnement », précise le document. Autres thèmes évoqués : les conditions d'exécution des travaux, les répercutions des augmentations des prix, ou encore, le traitement équitable dans la relation client/ fournisseur. Par exemple, il s'agit d'éviter des demandes de prix fermes qui ne tiennent pas compte de l'évolution des circonstances imprévisibles dans leur ampleur ou leur nature, ou encore, des augmentations unilatérales de minimum de commande en cours de contrats. Certaines entreprises, mises en exergue par la Médiation des entreprises, montrent l'exemple. Dans ses enseignes comme Point P, Saint-Gobain Distribution Bâtiment France s'est engagé à maintenir la validité des devis clients pour une durée d'un mois, et à mettre en œuvre les hausses de prix uniquement le premier de chaque mois. En matière de prix, l'Orcab, Organisation des coopératives d'achat des artisans du bâtiment, a promis d'appliquer les « hausses le plus tardivement possible et dans la mesure du possible, après écoulement des stocks à l'ancien prix ».
Un début ?
La signature du « document », ne signe par l'arrêt du Comité de crise du BTP qui réunit les acteurs du secteur, sous la présidence de Pierre Pelouzet. L'instance avait été mise en place en juin 2021, dans le contexte de difficultés d’approvisionnement et de flambée des coûts des matières premières, afin de juguler les comportements des acteurs structurants de la filière qui mettaient en difficulté les autres entreprises. Pour Pierre Pelouzet, la « déclaration » constitue une « base » qui renforce l'efficacité du Comité de crise, lorsqu'il intervient auprès des sociétés. Il s'agit « d'un point de départ, peut-être pour la constitution d'un Conseil national de la construction, comme il en existe dans d'autres secteurs, qui permet de s'asseoir autour de la table et trouver des solutions aux problèmes », estime pour sa part Olivier Salleron, président de la FFB.
Toutefois, l'ensemble du secteur n'a pas signé la déclaration, à commencer par les acheteurs publics qui ne disposent pas de représentation spécifique pour l'activité. Cependant, la ministre des PME s'est engagée à les mobiliser sur le sujet. Mais d'autres acteurs encore du secteur n'ont pas signé le texte, à l'image de la FPI, Fédération des promoteurs immobiliers ou de la CAPEB, Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment. Selon Jean-Christophe Repon, son président, présent à la signature, c'est en raison de la « frilosité » du texte : la CAPEB a signé des engagements plus favorables avec certaines entreprises. Le rôle de la « déclaration », estime Pierre Pelouzet, est d'envoyer un « signal » aux entreprises du bâtiment, signal qui pourrait d'ailleurs être entendu au delà du secteur.