Les britanniques repartent à l’assaut du monde PC avec le Raspberry Pi 5
De curiosité pour bricoleurs, le Raspberry Pi est devenu un véritable phénomène, boosté par le mouvement des « makers ». Au point de lorgner de plus en plus du côté du marché des PC classiques, avec une nouvelle offre : le Raspberry Pi 5.
Le Raspberry Pi est un drôle d’ordinateur : un « pico-ordinateur », conçu par une fondation britannique et pas plus grand qu’une boite d’allumettes. Et financièrement, accessible. Dès son lancement en 2012, le succès avait été au rendez-vous. Particulièrement auprès des « makers », ces amateurs qui fabriquent leurs propres machines, notamment sur le marché éducatif du Royaume-Uni. Le cap des 50 millions d’unités vendues a été franchi en 2023. Et la production a récemment été portée à 1 million d’unités par mois.
Fin octobre, la Fondation Raspberry Pi a levé le voile sur le Raspberry Pi 5, un pico-ordinateur bousculant tous les curseurs de vitesse, comparativement au modèle précédent : son processeur est deux à trois fois plus véloce, sa mémoire plus rapide et ses entrées/sorties sont « boostées » par l’adjonction d’un contrôleur maison. Autre nouveauté : un port de connexion permet de connecter divers périphériques, dont des systèmes de stockage rapides.
Le tout est fourni avec le système d’exploitation Raspberry Pi OS, conçu sur une offre Linux (open source ou logiciel libre) et optimisé en interne. En standard, il propose tout le nécessaire pour effectuer des tâches bureautiques : lire des fichiers multimédias ou bien encore surfer sur la Toile, grâce à des outils comme LibreOffice, VLC media player, Firefox… Ces logiciels bien connus des utilisateurs de PC et Mac sont intégrés ici dans le système d’exploitation prêt à l’emploi et entièrement francisé.
Repenser les ordinateurs personnels
Avec ce saut en performances, la Fondation Raspberry Pi entend aller concurrencer plus frontalement les grandes plateformes généralistes que sont les PC sous Windows et les Mac d’Apple. Mais pas à n’importe quel prix.
Alors que toute l’industrie tend à se diriger massivement vers le ‘cloud’ et l’intelligence artificielle, la Fondation croit aux vertus d’ordinateurs généralistes plus classiques, capables de fonctionner de façon autonome. Des ordinateurs simples et abordables, faits pour travailler, jouer, programmer et naviguer sur le web.
À terme, elle souhaite également casser le mythe des ordinateurs à 100 dollars pour les pays émergents. Dans un entretien accordé récemment au magazine britannique Archive, Eben Upton, CEO de Raspberry Pi Ltd, estime que ce prix est totalement « irréaliste ». Pour équiper en ordinateurs les populations les plus pauvres de la planète, il mise sur les futures évolutions de ses ordinateurs à 10 dollars, voire à 1 dollar !
Un ‘revival’ de l’informatique personnelle britannique
Le Raspberry Pi est donc un Ovni dans le monde de la micro-informatique, dominé par des acteurs asiatiques et américains. Cette famille d’ordinateurs est conçue et presque entièrement produite sur le sol britannique (dans l’usine Sony de Pencoed, dans le Pays de Galles). Elle s’appuie sur des puces ARM, conçues par l’américain Broadcom Corporation.
Un choix qui n’a rien d’innocent, puisque tous ces acteurs disposent de bureaux à Cambridge, en Angleterre, là où ARM Holdings et la Fondation Raspberry Pi ont leur siège. Quant à Broadcom Corporation, il y dispose de bureaux, où sont employés certains des ingénieurs ayant travaillé à la conception des premiers processeurs et ordinateurs ARM du marché, dès la fin des années 1980.
Avec son Raspberry Pi, la Silicon Fen de Cambridge fait comme un pied de nez à la Silicon Valley de Californie. Il reste une inconnue : la Fondation, touchée ces dernières années par des pénuries de composants, pourra-t-elle répondre à la demande ?
David FEUGEY