Réchauffement climatique :
les Français attendent plus des pouvoirs publics
Les Français sont de plus en plus préoccupés par la dégradation climatique. Conscients des enjeux de la transition écologique, ils sont en attente d’un engagement plus prononcé de la part du gouvernement en sa faveur.
Canicule, incendies...La conviction des Français sur l’urgence climatique pourrait se renforcer cet été. Déjà, malgré la flambée des prix qui impacte leur pouvoir d’achat, le climat figure parmi les sujets qui les préoccupent le plus et ils attendent une plus forte implication du gouvernement en faveur de la transition écologique. C’est ce qui ressort de l’enquête « Sensibilité à l’environnement, action publique et fiscalité environnementale : l’opinion des Français en 2023 », réalisée par le Credoc pour l’Ademe, Agence de la transition écologique, et parue le 11 juillet dernier.
Selon les données dévoilées, les problèmes environnementaux restent une préoccupation majeure aux yeux des Français : sur l’échelle des motifs d’inquiétude, ces questions arrivent au deuxième rang, juste derrière la violence et l’insécurité, mais devant d’autres sujets comme la pauvreté, le chômage et l’immigration. Ces craintes liées à la dégradation de l’environnement progressent de trois points par rapport à 2022.
Une mobilisation massive
Conscients de l’urgence climatique et afin d’éviter des conséquences de plus en plus graves, les citoyens attendent une mobilisation plus importante des pouvoirs publics. Dans ce sens, 82% d’entre eux aimeraient voir se déployer les mêmes moyens, conséquents, que pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Près de 71% réclament le développement d’activités économiques visant la préservation de l’environnement et la pénalisation des comportements nocifs à son encontre. 62% d’entre eux préconisent la mise en place d’actions sur la régulation des incitations à la consommation (publicité, promotions…), dans le but de contrôler davantage leur influence sur le climat. Enfin, 67% prônent la création de règles collectives qui limiteraient les comportements nuisibles à l’environnement, comme prendre l’avion, ou changer souvent d’équipements électroniques, quitte à modifier leur choix de consommation personnels.
Côté financement, dans un contexte inflationniste l’organisme a observé une baisse du consentement à l’impôt, qui impacte, logiquement, l’adhésion à la fiscalité environnementale : 53% des sondés ne veulent pas payer davantage d’impôts, peu importe l’usage (+3 points comparativement à 2022). Ils se montrent aussi réticents quant au paiement des taxes liées aux carburants, au gaz naturel et fioul domestique : 13% seulement sont prêts à supporter une hausse, soit cinq points de moins par rapport à 2022 et 9 points de moins vs 2021. Cette réticence est « particulièrement marquée chez les personnes ayant l’impression de vivre sur un territoire délaissé par les pouvoirs publics », indique l’étude.
Transparence fiscale verte
Pour contribuer à mettre en place un système fiscal plus juste, 37% des Français recommandent une contribution plus importante des hauts revenus au financement de la transition écologique (+7 points par rapport à 2022), 22% suggèrent que l’impôt sur le revenu s’applique à tous (-3 points) ou proposent la suppression des niches fiscales et 18% réclament une diminution des impôts et taxes (-1 point).
Pour autant, plus de la moitié des citoyens (56%) se montrent enclins à accepter une taxe carbone. Sous certaines conditions, toutefois : afin d’assurer le financement des mesures en faveur de la transition, la redistribution aux catégories modestes et moyennes, ainsi que la baisse des autres impôts. Mais ce dispositif enregistre un moindre assentiment « des catégories qui y étaient auparavant les plus favorables, à l’image des cadres ou des hauts revenus», souligne Patrick Jolivet, Directeur des études socioéconomiques à l’Ademe. « La fiscalité carbone n’est pour autant pas rejetée en tant que telle, mais doit s’inscrire dans une politique globale ambitieuse et équitable ».
Enfin, Pour vivre dans une société plus verte d’une manière aussi équitable et inclusive que possible, 73% des Français souhaitent être plus impliqués dans les décisions gouvernementales.
AÏcha BAGHDAD et B.L