Les Français très attachés au secret professionnel de l’avocat, selon les résultats d’un sondage
Le barreau de Paris a publié les résultats d’une enquête d’opinion axée sur le secret professionnel de l’avocat, dont il ressort notamment que, pour la très grande majorité des répondants, le secret des échanges avec l’avocat est au moins aussi important que le secret médical.
Alors que le projet de loi « pour la confiance dans l’institution judiciaire » est en cours d’examen par le Parlement, le conseil de l’Ordre des avocats au barreau de Paris a rendu public le 11 mai dernier les conclusions d’une étude commandée et réalisée par l’Institut de sondage MRCC sur le thème « le secret professionnel des avocats ». Deux populations distinctes ont été interrogées dans le cadre de cette enquête : un échantillon représentatif des avocats inscrits au barreau de Paris (607 répondants), d’une part, et un échantillon représentatif de la population française (1 000 répondants, hors avocats), d’autre part.
Aussi important que le secret médical pour une grande majorité des Français
Il en ressort que les Français accordent une forte importance au secret des échanges avec les avocats aussi bien dans le cadre de la défense (97% des personnes interrogées) que du conseil (93% pour ce qui relève du droit des personnes, 90% pour en matière de droit des entreprises). Pour plus de neuf répondants sur 10 (hors avocats), le secret des échanges avec l’avocat est ainsi au moins aussi important que le secret médical. Parmi les dangers qui menacent le secret des échanges entre un client et son avocat, c’est le piratage des mails et des SMS qui, selon eux, arrivent en tête des risques, devant les écoutes téléphoniques, les indiscrétions des proches et les perquisitions dans les cabinets d’avocats.
Une image de marque en décalage avec la haute considération de leur rôle
Enfin, selon la très grande majorité des personnes interrogées, la fonction de l’avocat est essentielle à la justice (97%) et à la démocratie (94%), et importante pour chacun d’entre nous (96%) comme pour la société au global (67%). Mais, paradoxalement, seuls 54 % des répondants ont une bonne image des avocats en général – un taux identique parmi les personnes qui ont déjà consulté un avocat et celles qui n’en ont jamais consulté.
La loi doit préciser que le secret professionnel s’applique aussi au conseil
En parallèle, 83% des avocats au barreau de Paris qui ont répondu à cette enquête estiment que le secret professionnel de l’avocat est menacé en France, et un peu plus de la moitié d’entre eux ont constaté une dégradation concrète du respect du secret professionnel ces dernières années. Les trois quarts pensent, par ailleurs, que ce dernier n’est pas garanti lors des échanges par téléphone, courrier, par mail ou SMS. Et alors que la question est entre les mains des parlementaires, neuf avocats répondants sur 10 souhaitent que la loi précise que le secret professionnel s’applique également aux activités de conseil. 85% d’entre eux estiment qu’il devrait être renforcé pour en faire l’équivalent du secret médical.
« Sans secret il n’y a plus de défense »
« Il est frappant de constater que les aspirations à la transparence parfaite cèdent le pas à un besoin beaucoup plus primitif de protection de la population et de chacun d’entre nous à l’encontre de l’intrusion dans la vie privée », a commenté le bâtonnier de Paris, Olivier Cousi, lors de la conférence de presse de présentation des résultats de cette enquête. « Il faut saluer le garde des Sceaux qui a soulevé dans ce projet de loi [pour la confiance dans l’institution judiciaire, ndlr] cette question fondamentale de la limite et du curseur entre les pouvoirs de l’enquête et le pouvoir de la défense », a-t-il souligné. Et depuis que des amendements portés par les députés visant à consacrer dans la loi le secret professionnel de l’avocat dans toutes ses activités, de défense et de conseil, ont été adoptés par la commission des Lois de l’Assemblée nationale, « il y a un élan très positif autour de cette question », s’est-il félicité, et il faut espérer « que cela ne soit pas détricoté au fil des débats » parlementaires. Le texte, adopté en première lecture, à l’Assemblée, le 25 juin, devrait être examiné au Sénat, en septembre prochain.