Les salades en sachet plastique ont encore la cote
Sept français sur dix consomment des salades vendues en sachet plastique, prêtes à l’emploi. Mais en dépit de cette popularité, le syndicat qui regroupe les professionnels de ce secteur, né dans les années 1980, doit faire face à un changement d'époque qui questionne ce modèle.
Dépassée la salade vendue en sachet, cette invention des années 1980 qui semblent pourtant si lointaines ? Pas du tout. Les consommateurs y sont très attachés, selon une étude CSA réalisée en mars dernier pour le SVFPE, Syndicat de produits végétaux frais prêts à l'emploi qui représente les producteurs de salades. Ce 12 novembre, à Paris, le SVFPE tenait une conférence de presse destinée à mieux faire connaître le secteur. Celui-ci est composé de 12 sites de production et représente 3 500 emplois (2 500 chez les transformateurs et 1 000 chez les maraîchers). En 2023, ces professionnels ont réalisé 470 millions d'euros de chiffre d'affaires, pour 109 tonnes de produits, répartis entre salades (80%) et autres légumes (20%). « Ce marché a fait fois 5 en trente ans, il est encore jeune », commente Dominique Duprat, vice-président du SVFPE.
Autre constat, l'activité s'avère plutôt résiliente : depuis la hausse de l'inflation, le recul des volumes a été limité à 3%, contre 6% pour les salades en vrac et 12% pour le rayon légumes. Les ménages représentent les deux tiers du marché des produits végétaux frais prêts à l'emploi. Au total, sept Français sur 10 consomment ces produits qui correspondent à leurs besoins ou à leurs habitudes. En moyenne, ils en consomment un peu plus de un par mois. Et 69% d'entre eux le font toute l'année. Leurs motivations principales ? 64% d'entre eux évoquent la praticité et 55%, le gain de temps. C'était déjà les objectifs visés par les maraîchers qui ont mis sur pied la filière dans les années 1980. « Ils ont essayé une manière de vendre leurs produits qui soit adaptée à des modes de consommation qui évoluaient », explique un administrateur du SVFPE. Depuis, l 'offre des producteurs s'est enrichie. Elle s'est étendue à la restauration collective et commerciale. Et elle a suivi l'évolution du goût et des pratiques des ménages avec de nouvelles propositions : salade iceberg, produits découpés en spaghetti, afin d'être utilisables dans les wok, herbes pour les plats de cuisine exotique...
Assiettes végétalisées et épaisseur du sachet
Mais la fidélité des consommateurs ne fait pas tout. Lors de la conférence de presse, le SVFPE a énuméré plusieurs arguments pour défendre son activité. En particulier, sa contribution à la santé des Français : la praticité des produits aide à « végétaliser les assiettes », souligne Pierre Meliet, président du SVFPE. Selon 88% des Français, ces solutions leur permettent de consommer cinq fruits et légumes par jour, comme recommandé par le ministère de la Santé. Et les produits sont « naturels » et sûrs, rappelle le syndicat : les processus sont validés par les autorités sanitaires. Comme une mise au point, après l'article de « 60 millions de consommateurs », qui dénonçait des traces de résidus de pesticides dans les salades en sachet (dans les limites réglementaires), paru en mars dernier.
Autre argument avancé, le caractère -pour partie- local de la production. « En saison, 90% des produits proviennent de maraîchers français. Sur l'année, c'est 60% », précise Pierre Meliet. Et en matière de durabilité aussi, le syndicat affiche ses efforts : ses ateliers de préparation ont diminué leurs prélèvements en eau de 30% entre 2019 et 2023, et le taux de restitution au milieu naturel atteint 97%. Autre progrès, en 20 ans, l'épaisseur des sachets de salade a diminué de 20%, passant de 40 a 45 microns à 30-35 microns. Et la filière travaille avec des éco-organismes afin de réduire l'empreinte environnementale de ses emballages plastiques. Reste que le principe même de ces derniers est questionné à l'heure où les Etats édictent des lois pour limiter et éteindre l'usage des plastiques à usage unique.
Bonduelle se retire
Le groupe Bonduelle a annoncé, fin août, céder près de 20% de son activité de salades en sachet, notamment en France, pour qui inflation et concurrence accrue des marques de distributeurs (MDD) ont motivé cette décision.