Conjoncture
Les TPE sous le niveau de l'inflation
En 2023, l'indice d'activité des TPE s'est élevé à 1,5%, selon la FCGA, Fédération des Centres de gestion agréés. Globalement très en dessous du taux d'inflation, cette évolution diffère très fortement selon les secteurs.
Seulement +1,5%. Le 23 avril, à Paris, Banque Populaire et la FCGA, Fédération des centres de gestion agréés présentaient les résultats de l'étude de « l'Observatoire de la petite entreprise, tops et flops, 2023 ». Le contexte : une année « économiquement chahutée », rappelait Thomas Vassel, directeur du développement Banque Populaire, marché des professionnels et entreprises. Hausse des taux d'intérêt, « remboursements Covid », ralentissement de l'activité et restriction de la consommation des ménages, inflation (+4,9%)... « Avec un indice de croissance de l'ordre de 1,5%, l'activité des TPE reste à l'ombre de l'inflation », a commenté Christophe Dunoyer, vice-président de la FCGA. De fait, l'impact des hausses de prix rend l'interprétation de l'indice de l'activité des TPE plus difficile. Toutefois, les différences sectorielles restent parlantes.
Et certains secteurs affichent des progressions qui dépassent celle de l'inflation. C'est le cas des cafés-hôtels-restaurants, avec une hausse de 6,2% en 2023, contre +28,5% en 2022. Mais un résultat en « trompe l’œil », prévient Christophe Dunoyer. Les chiffres de 2022 reflétaient plus un retour à la normale qu'une performance extraordinaire et il faut également faire la part des réajustements à la hausse des salaires et des prix. Au deuxième rang des taux de progression les plus importants figure la vente et la réparation automobile (+ 4,4%, après + 1,4% en 2022). Mais cette évolution doit sans doute elle aussi beaucoup à la hausse des salaires. Quant au commerce de détail ( + 4,3, après -1,5%) « il s'agit de l'un des secteurs les plus impactés par l'inflation », pointe Christophe Dunoyer. En revanche, certains secteurs ont subi une baisse importante de leur indice d'activité par rapport à l'année précédente. C'est le cas de l'équipement de la personne (passé de +6,9% en 2022, à +0,9% en 2023) et de la culture et loisirs (passé de + 3%, à -1,1%). « La problématique de pouvoir d'achat est en cause. Certains secteurs ressentent les arbitrages des ménages dans leurs consommation », explique Christophe Dunoyer.
Quant aux métiers de la santé, ils constituent un cas un peu à part, marqués par une chute importante de leur activité passée de + 5,6% à - 5,1%. « Ils avaient connu une évolution inhabituelle en 2021 et 2022, où se posait encore la problématique des test Covid », note Christophe Dunoyer. L'activité a pâti aussi dans l'artisanat du bâtiment (-1,3%, vs +3,3%).
L'immobilier à la peine
L'étude enregistre aussi des évolutions différenciées des professions, qui conjuguent effets de l'inflation et problématiques propres. En tête, les ateliers de carrosserie automobile affichent la plus forte progression (+ 11%), liée à la hausse des prix des pièces détachées et de la main d’œuvre, mais aussi à la complexité croissante des interventions (électronique). Viennent ensuite les fromagers crémiers ( + 9,1%). « Le prix du lait a augmenté dans les mêmes proportions. Mais cela n'a pas découragé les Français de consommer du fromage », remarque Christophe Dunoyer. Selon le baromètre CSA de la Fédération des fromagers de France citée par l'étude, près de 9 Français sur dix en mangent plusieurs fois par semaine ! Troisième profession à avoir évolué le plus vite, la restauration avec +7,5% , une croissance qui s'explique principalement par « la hausse du ticket moyen ».
A l'autre extrême du palmarès, les magasins de sport affichent la plus forte baisse ( -6,6%, après +9,9 %), ce qui correspondrait à une stabilisation de l'activité après trois années de forte croissance. Deuxième profession à souffrir le plus, la plâtrerie-staff-décoration ( -5,5% après + 5,6%), signe de la fragilité du marché de l'entretien-amélioration du bâtiment. Viennent ensuite les pharmacies passées à -5,3, après +5,8%. En 2023, 236 pharmacies ont fermé leurs portes, soit 60% de plus qu'en 2022.
Dans ce palmarès des professions à la peine, les deux suivantes appartiennent au secteur de l'immobilier : les agences immobilières ( -4,8%, après -8%) et les entreprises de terrassement et travaux publics ( -4,3% vs + 1,7%). « L'ensemble du secteur immobilier est touché », commente Christophe Dunoyer. L'année 2024 lui sera-t-elle plus favorable ? Côté demande, les conditions d'obtention de crédit s'améliorent, mais côté offre, la mise à l'arrêt des programmes dans le neuf constitue une « vraie difficulté », analyse Thomas Vassel. Tous secteurs confondus, la FCGA n'observe pas de changement notable dans l'activité des TPE sur les deux premiers mois de l'année.
Les faillites en hausse ce premier trimestre
BPCE L’Observatoire a dressé un bilan des défaillances d’entreprises sur les trois premiers mois de 2024 : 16 801 ont été enregistrées, soit un niveau de 15% supérieur à l’avant crise. Pour les TPE employant 3 à 9 salariés, le surcroît de défaillances s'élève à 26 % par rapport à 2019.