Lutte contre l’abandon des déchets : des sites propres toute l’année

C’est l’épopée d’un mégot qui commence son histoire de déchet sur le trottoir d’une ville et qui la termine dans l’océan…Le spot, créé en 2022 est rediffusé cette année. Il est le dernier né d’une longue série de messages pédagogiques émis par l’association Gestes propres, spécialisée dans la lutte contre les déchets abandonnés. Le 30 mars, elle organisait une conférence de presse intitulée « pour une lutte illimitée contre les déchets abandonnés », au siège de l’AMF, Association des Maires de France, à Paris. Cette association d’élus fait partie de l’association, au même titre que d’autres acteurs dont plusieurs éco-organismes. « Cette politique est très partagée par les maires. Aujourd’hui, nous sommes face à la nécessité d’amplifier nos efforts », expliquait Eric Verlhac, directeur général de l’AMF.

En terme de politique publique, ce sujet, écologiquement crucial, est également porté par l’Union européenne. Les gouvernements nationaux sont tenus de mettre en place une politique de gestion partagée des déchets abandonnés et de leur prévention avec les parties prenantes, l’objectif étant la réduction de la présence des déchets dans l’espace public. Et l’association Gestes Propres appartient au réseau Clean Europe Network, fondé il y a dix ans pour échanger entre homologues européens. Parmi eux, l’association Be WaPP, représentée par Benoît Bastien, son directeur général, venu témoigner depuis la Wallonie (Belgique). La structure est le fruit d’un accord de partenariat public-privé entre la région et des entreprises qui mettent des produits emballés sur le marché. Elle est dotée de 4 millions d’euros de budget annuel. « C’est la réalisation concrète de la stratégie européenne », note Benoît Bastien. Be WaPP a conçu un plan local de propreté et propose aux collectivités locales une multitude d’outils digitaux de suivi de projet, des conseils techniques et juridiques sur la vidéosurveillance, la mise en place du tri dans l’espace public… Depuis 2019, l’association a accompagné 93 communes dans la mise en œuvre de plans locaux de propreté. Résultat ? En 2016, Be WaPP comptabilisait 16,9 déchets par 100 mètres et 10,6 en 2022, soit 37 % en moins. « Le résultat est assez encourageant, mais il reste beaucoup à faire. Le changement de comportement c’est le Graal, l’objectif que nous visons », conclut Benoît Bastien.

Gestes propres et petits pas

En France, Gestes propres estime à un million de tonnes le volume de déchets abandonnés chaque année, soit 15 kg par habitant. Plusieurs dispositifs existent déjà, adaptés à différentes situations. Par exemple, la campagne « Je navigue, je trie » en est à sa 13ème édition. Une centaine de ports de plaisance y participent, pour 367 000 vacanciers sensibilisés. Plus récent, le message « Gardez et triez vos déchets » a été imaginé pour des sites naturels, comme des plages ou des forêts, où il ne serait pas possible de disposer des poubelles. Depuis 2019, un millier de panneaux ont été déployés sur 130 sites. Mais pour améliorer les dispositifs de prévention, Gestes propres mène également des expérimentations comme « Mission zéro déchet abandonné», avec trois communes très différentes : Sceaux (Île-de-France), Fouesnant ( Bretagne), la métropole du Grand Lyon (Auvergne-Rhône-Alpes). Cette dernière opération concerne une ligne de bus très fréquentée ( abribus, compris). Elle est menée avec plusieurs autres partenaires concernés dont Kéolis (transport public), JCDecaux (communication extérieure), les éco organismes Alcome (mégots) et Citeo (emballages et papiers). En cours, cette expérimentation a déjà permis d’établir un premier constat : l’essentiel des déchets relèvent de la catégorie « petits déchets » ( mégots, chewing-gum, petits papiers … ) et ils semblent provenir des commerces avoisinants, lesquels pourraient faire partie de la solution.

C’est en 2017 que « Gestes propres » a remplacé « Vacances propres » : cette marque était celle de l’association « Progrès et Environnement », créée au début des années 1970 par Antoine Riboud, fondateur et ancien PDG de Danone, avec la participation de nombreuses personnalités, comme Jacques Attali, écrivain. Mais l’étude Ifop menée en 2020 sur « l’attitude des Français vis-à vis des déchets sauvages » montre que le chemin à parcourir est encore long. Plus de neuf Français sur 10 estiment que les consommateurs finaux sont responsables des déchets et se déclarent choqués que l’on jette une canette par terre. Mais 27 % d’entre eux admettent avoir déjà balancé un déchet au sol. Par ailleurs, de nombreux Français n’ont pas conscience du fait que les déchets jetés sur un trottoir peuvent finir leur course dans la mer. Pourtant, 80 % des déchets marins ont été abandonnés sur la terre.