PME : faut-il nourrir des ambitions à l'export ?
L'appétence des consommateurs étrangers pour le Made in France est décuplée par l'effet image des Jeux Olympiques. Cela suffira-t-il pour atteindre les objectifs du plan « Osez l'export » qui vise 200 000 entreprises exportatrices en 2030 ?
Anachronique ? Un débat était consacré à « PME à l’international : réussir son développement à l’export d’ici 2030 », dans le cadre de Impact PME, salon annuel organisé par la CPME, Confédération des petites et moyennes entreprises, le 28 novembre 2024, à Paris. Le thème pourrait étonner à l'heure où les tensions géopolitiques s'aggravent et le monde se hérisse de barrières douanières. Mais à y regarder de plus près, « travailler sur un seul pays est très risqué. Se lancer à l’international, cela revient à dé-risquer », mieux répartir les risques, argumente Alain di Crescenzo, président de CCI France. Le réseau des chambres de commerce et d'industrie participe à Team France Export, coalition d'acteurs publics au service de l'export.
Autre argument, le moment est particulièrement favorable à l'export. « Les Jeux Olympiques ont accru l'envie de consommer des produits français. Nous avons une fenêtre de deux ans assez extraordinaire », poursuit Alain di Crescenzo. En effet, les étrangers sont très nombreux à vouloir consommer plus de produits français : 74% des Allemands, 96% des Chinois, 78% des Américains et 74% des Italiens, selon un sondage réalisé en novembre 2024 par Opinion Way pour CCI France. « Le Made in France a une très bonne image, de qualité, de technologie de haut de gamme et d'innovation, auprès des consommateurs étrangers », révèle Alain di Crescenzo. En outre, l'expérience d'entreprises, dont les représentants sont venus témoigner lors de la table-ronde, confirme le fait que l'export peut se révéler une stratégie très fructueuse. C'est le cas de Septodont, ETI spécialisée dans l'anesthésie dentaire (362 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022) et de Gys (150 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023), industriel spécialiste des équipements de soudage, de chargeurs de batteries et de systèmes de réparation carrosserie. Tous deux réalisent l'essentiel de leur chiffre d'affaires à l’international.
La stratégie de l'escargot
La préconisation de Bruno Bouygues, président de Gys, pour réussir à exporter ? Adopter une « stratégie de l'escargot qui consiste à tourner autour de la France ». En bref, commencer par ce qui est plus facile et moins coûteux. A rebours, le chef d'entreprise a souligné les difficultés potentielles qui attendent l'exportateur au delà de l'Europe, les barrières mises en place par les pays. Elles peuvent évoluer vite et prendre des formes très diverses selon les zones géographiques (augmentation des taxes douanières, mise en place de barrières non tarifaires matérialisées par des règlements complexes ... ).
Où qu'ils se déroulent, les projets d'export nécessitent aussi de « bien évaluer les financements nécessaires », met en garde Olivier Schiller, président de Septodont. « Il ne peut pas y avoir de développement à l'international sans durée », complète Alain di Crescenzo qui préconise de recourir aux accompagnements proposés par l’État.
Ce dernier a fixé le cap de 200 000 entreprises exportatrices d’ici 2030, dans le cadre du plan « Osez l'export », annoncé en août 2023, par Olivier Becht, alors ministre délégué chargé du Commerce extérieur.
Actuellement, l'Hexagone compte 160 000 entreprises exportatrices, moins que l'Allemagne et l'Italie. En 2018, elles n'étaient que 125 000. « Ce n'est pas suffisant, mais c'est une belle dynamique », estime Alain di Crescenzo. Au delà de l'objectif d'augmentation du nombre d'entreprises exportatrices, il entend aussi accroître l'activité de celles déjà actives. Mais en dépit des perspectives offertes par les JO et la bonne image du MIF à l'étranger, Olivier Schiller s'avoue peu « optimiste », vu le contexte très incertain. Pour lui, « si nous n'arrivons pas à être sereins pour investir en France, j'ai peur que nous ne pourrons pas atteindre l'objectif de 2030 ».