Relance et investissements ‘tech’ : la France se bouge
Les dépenses en faveur de l’informatique et du digital repartent à la hausse. Les entrepreneurs croient en la reprise. Et le gouvernement rouvre son guichet France Relance.
Après les annonces de Joe Biden, le nouveau président américain, qui a battu tous les records de plans d’investissement en annonçant, en avril, un montant colossal de 4 000 milliards de dollars, la France et Allemagne sont montés au créneau à Bruxelles. Les 750 milliards d’euros du plan de la Commission européenne (« Next Generation EU ») annoncés en 2020 sont assorties de conditions posées par Bruxelles : 37 % au moins des fonds doivent être alloués à la transition écologique et 20 % à la transition numérique. L’Allemagne montre le bon exemple ; elle prévoit d’investir 90% des 25,6 milliards d'euros alloués par le fonds de relance européen à la protection du climat et à la numérisation de son économie ; et la France a annoncé une répartition de 50% et 25% sur les 100 milliards annoncés de son plan national. Après ratification par les parlements des 27 Etats membres, dont certains traînaient les pieds, les premiers fonds pourraient être versés dès cet été.
Or, on sait déjà que ce plan de l’UE sera insuffisant. Fin avril, la France et l’Allemagne ont obtenu le principe d’un nouveau volet d’investissement à hauteur de 1 100 milliards d’euros pour la période 2021- 2027 - ce qui porte le montant total à 1 800 milliards, non compris les plans nationaux de chacun des 27 pays membres.
IA, blockchain et 5G
Sur le terrain, les entrepreneurs piaffent d’impatience : 60% des chefs d'entreprises s'attendent à un boom économique dès la fin d'année, révèle une étude de Gartner (avril 2021) menée auprès de 465 patrons dans le monde. Mais 35% d’entre eux seulement s’attendent à retrouver ou dépasser le chiffre d’affaires de 2019. Et à propos des priorités d’investissement, les deux tiers ont mentionné la « technologie », et 20% le « digital », en cochant intelligence artificielle, blockchain (processus d’authentification / notarisation électronique) et la 5G. Près de 80 % des dirigeants s’attendent à un prolongement, au moins partiel, du télétravail. Et pour 45% d’entre eux, le changement climatique conduit à réorienter leur activité. `
Les projets de transformation numérique
Dans une autre étude, le cabinet Gartner (avril 2021) constate que les projets de transformation numérique vont générer une hausse de 8,4 % des dépenses mondiales en technologies de l'information, en 2021, pour atteindre 4 100 milliards de dollars. En Europe, il faudra attendre le second trimestre 2021 pour observer une augmentation des dépenses informatiques, surtout dans le secteur de la banque et finance où elles dépasseront le niveau de 2019. Elles concerneront surtout les équipements matériels, plus que le logiciel.
Il est vrai que depuis le début de l’année la situation économique se redresse, y compris en France. La Banque de France maintient ses projections d’une croissance supérieure à +5% pour 2021, au delà de la moyenne européenne. Si, selon l’Insee, le niveau d’investissement des entreprises, au premier trimestre, a progressé moins fortement que prévu (de 0,2 % contre +2,2%), la crise a accéléré la transition numérique. « Les entreprises intègrent le fait que cette crise est transitoire, et continuent d’investir, notamment dans le numérique », observe un économiste de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) cité par le quotidien Les Echos.
Le guichet France Relance est rouvert
Dans ce contexte favorable, le gouvernement a la bonne idée de rouvrir, depuis le 3 mai, le guichet France Relance qui permet aux PME et ETI industrielles de bénéficier d’une aide aux « investissements de transformation vers l’industrie du futur ». En 2020, ce guichet avait enregistré près de 7 800 demandes pour un montant de 2,7 milliards d'euros, dont 700 millions d'euros de soutien public. Pour 2021, le gouvernement rajoute 175 millions d'euros pour tout investissement affecté à une activité industrielle sur le territoire français. Il s’agit, notamment, d’équipements de robotique, de logiciels, d’ordinateurs ou matériels liés au calcul intensif, de capteurs de données sur site de production, de machines à commande numérique, de solutions de réalité augmentée ou d’intelligence artificielle pour des opérations de conception, de fabrication, de transformation ou de maintenance. Les dossiers sont à retirer avant le 30 juin, sur le site de l’ASP, Agence de services et de paiement. A noter que cette initiative rejoint les préconisations faites par le Syntec-Ingénierie, syndicat professionnel, qui mentionnait aussi le critère « durabilité » et « bas carbone » - un peu occulté dans France Relance...
Pierre MANGIN