Spécial BD
Retour dans les années 1960
Blake et Mortimer
Ce nouveau volet des aventures des célèbres personnages créés en 1946 par Edgar P. Jacobs nous plongent au cœur de la guerre froide qui fit rage au début des années 1960 entre les États-Unis et l’URSS. Le récit s'ouvre à Berlin, au printemps 1963, lorsqu'un homme est abattu par les Vopos est-allemands alors qu’il tente de franchir le Mur. Il prononce un mot étrange avant de mourir : Doppelgänger. Quelques jours plus tard, dans l’Oural, les archéologues exhument sept cadavres dont la peau a été arrachée. Le professeur Philip Mortimer découvre qu’il existe un lien entre ces deux tragédies : un certain Julius Kranz, un chirurgien allemand spécialiste des manipulations du cerveau. Mortimer ne se doute pas qu’il sera la prochaine victime des expérimentations de ce neurochirurgien, au point de se métamorphoser en un monstre assoiffé de violence. Ni qu’il va bientôt révéler, avec l’aide du capitaine Francis Blake, une incroyable supercherie qui aurait pu changer la face du monde... Imaginé par le duo José-Louis Bocquet-Jean-Luc Fromental, le scénario impressionne par sa densité et sa construction millimétrée, entremêlant références historiques, espionnage, complot géopolitique et manipulations scientifiques. Tandis que le graphisme élégant et précis d'Antoine Aubin – qui avait signé le dessin de L’Onde Septimus en 2013 – se révèle en tous points fidèle à celui du créateur de la série, Edgar P. Jacobs.
Blake et Mortimer. Huit heures à Berlin (Editions Dargaud).
Une romance anglaise
On retrouve le scénariste Jean-Luc Fromental au générique de cette passionnante BD qui retrace l’affaire Profumo, le plus grand scandale de l’Angleterre des sixties. Dans le Londres des années 1960, le docteur Stephen Ward, ostéopathe à qui ses talents valent l’affection de nombreux notables, partage ses loisirs entre réceptions mondaines et parties fines… Lorsqu’il croise Christine, une jeune danseuse ambitieuse, il en devient le Pygmalion, lui faisant rencontrer des hommes aussi importants (et sensibles à son charme) qu’un espion russe ou encore le ministre de la Guerre anglais, John Profumo… Après la réussite du Coup de Prague, Jean-Luc Fromental et Miles Hyman (dessins) récidivent avec cet ouvrage entremêlant espionnage international, manipulations politiques et chronique de mœurs dissolues. Le duo dépeignant avec une égale réussite l’esthétisme guindé d’une Londres bourgeoise et la beauté sensuelle des corps cherchant à s’affranchir de ce carcan. Un bel ouvrage – dans la tradition d’un John Le Carré – pour une affaire retentissante…
Editions Dupuis.