Chiffre
TPE-PME : les propositions des experts-comptables pour favoriser le rebond
Le Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables a publié les résultats de son baromètre des TPE-PME pour 2020. Il a formulé, à cette occasion, un certain de nombre de recommandations pour favoriser le rebond des entreprises cette année.
Tous secteurs confondus, le chiffre d’affaires cumulé des TPE-PME françaises a reculé de 8,4 % en 2020 par rapport à l’année précédente. C’est ce qu’atteste Image PME, le baromètre des TPE-PME de l’Observatoire de la profession comptable, basé sur un échantillon de quelque 500 000 entreprises(*). Un chiffre qui démontre «une forme de résilience et d’agilité de la part des TPE et PME», a déclaré le président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables (CSOEC), Lionel Canesi, lors de la présentation de l’étude à la presse, le 10 mars dernier.
Recul plus important en Corse et en Île-de-France
Les TPE et PME ont été touchées dans toutes les régions, mais les chutes d’activité ont été plus importantes dans certains territoires. Les deux régions qui ont enregistré la plus forte baisse sont la Corse (- 14,1 %) et l’Île-de-France (- 13,1 %), devant le Grand Est (- 8,7 %) et la Provence-Alpes-Côte d’Azur (- 8,4 %), suivies de la Bourgogne-Franche-Comté, de l’Auvergne-Rhône-Alpes, du Centre-Val-de-Loire (de - 7,7 à - 7,4 %), de la Nouvelle-Aquitaine et de l’Occitanie (- 7,1 %), des Hauts-de-France (- 7,0 %). La Normandie (- 6,3 %), les Pays de la Loire (- 6,2 %) et la Bretagne (- 5,6 %) ont un peu moins peiné.
L’hôtellerie et la restauration en première ligne
Sans surprise, les secteurs très affectés par ce recul de l’activité des TPE-PME sont l’hôtellerie (- 44,4 %), la restauration traditionnelle (- 38,7 %), la restauration rapide (- 21 %), les magasins de vêtements (- 20,8 %) et les salons de coiffure (- 20,1 %). D’autres ont également été très touchés tels que l’événementiel et les spectacles, qui continuent de bénéficier d’aides gouvernementales, le transport et l’entreposage, ainsi que les commerces de voitures, par exemple.
Ne pas se laisser aller au pessimisme ambiant
En dépit de ces mauvais chiffres de 2020, c’est à une lecture et une analyse «à contre-courant de la musique pessimiste que certains peuvent jouer» que le président du CSOEC a invité tout un chacun, en soulignant que «la situation actuelle n’est pas catastrophique» et qu’il faut faire confiance aux experts-comptables qui «sont des économistes du quotidien, de la vie réelle.» Trois conditions doivent, selon lui, être réunies pour assurer le rebond de l’économie française : «un plan de relance massif», «une campagne de vaccination qui nous permette de sortir rapidement de ce marasme» et «un choc de consommation qui sera comme une étincelle pour lancer la reprise.»
Sortie de crise : provoquer un «choc de consommation»
Alimenté par «les 200 milliards d’euros épargnés en 2020 et qui ne rapportent rien à personne», en raison des taux très bas de rémunération de l’épargne, «ni à l’État ni à l’économie», a-t-il rappelé, ce choc de consommation nécessiterait l’adoption de plusieurs mesures. À commencer par «la possibilité pour les parents et grands-parents de donner 50 000 euros à leurs enfants et petits-enfants, sans conditions et sans droits [à payer], de même que les oncles et tantes à leurs neveux et nièces, s’ils n’ont pas d’enfants.» Il faudrait aussi «désépargner l’épargne salariale» et offrir la possibilité «de retirer 50 000 euros de son assurance-vie», toujours sans conditions ni droits à payer. «Des petites mesures qui ne coûtent rien et auraient un grand impact», surtout «si les Français prennent à bras le corps le patriotisme économique, en consommant français.»
Ne pas laisser les entreprises seules face à la dette Covid
Autre enjeu majeur de la sortie de crise, selon les experts-comptables : après les plans d’aides octroyées par le gouvernement, «il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin et laisser les entreprises face à leurs difficultés financières», a pointé le président du CSOEC. «Il faut identifier les entreprises qui sont viables sans leur dette Covid et étaler leurs remboursements sur dix ans. Et pour celles qui ne peuvent pas rembourser (...), il va falloir accepter d’abandonner une partie du remboursement des PGE [prêts garantis par l’État], parce que cela coûtera moins cher à l’économie que des dépôts de bilan.» Et Lionel Canesi, de conclure : «Il faut sortir de ce pessimisme. Et il faut que l’on apprenne à vivre avec l’épidémie. Nous avons tous atteint notre seuil de ras-le-bol et je pense qu’il y a une forte envie de reprendre.» Dès la mi-janvier, la profession comptable a déjà présenté 50 propositions pour une relance de l’économie.
(*) Entreprises réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros ou inférieur à trois fois l’écart-type du chiffre d’affaires moyen des entreprises du même secteur.