Transport logistique et optimisation des tournées : les algorithmes font la différence
Avec la géolocalisation et la sophistication de certaines ‘mobil apps’, les entreprises ont à disposition beaucoup de moyens pour optimiser les déplacements et les tournées. Plus que l’avancement des terminaux, ce sont des algorithmes d’intelligence artificielle qui font la différence.
Pour les entreprises ou organisations où les déplacements chez les clients et prospects sont récurrents, l’optimisation de tournées permet de réduire le nombre de kilomètres à parcourir, et donc de diminuer les coûts d’usage et l’empreinte carbone de la flotte de véhicules.
Pour les personnels qui se déplacent, c’est la possibilité de mieux maîtriser leurs horaires (heures de visite en clientèle, total horaire par jour, semaine, durée des visites ou interventions, etc.) et de pouvoir réorganiser le déroulement de leurs interventions. Et pour les logisticiens, responsables du bon déroulement des tournées, c’est une assurance d’efficacité croissante.
En quoi consiste l’optimisation de tournées ? Pour une liste d’adresses à visiter, c’est en déterminer l’ordre optimal en fonction des ressources disponibles - personnes qualifiées et véhicules, mais aussi des conditions extérieures. Les progrès récents portent sur la faculté de répondre à diverses contraintes logistiques associées : créneaux horaires possibles (flexibilité), horaires de travail des conducteurs, capacité intrinsèque des véhicules disponibles, mais également conditions de circulation, météo, etc. Le gain sur les coûts opérationnels est généralement estimé à 30%.
Géolocalisation et navigation GPS
Beaucoup de solutions existent qui proposent les trajets les plus rapides entre plusieurs adresses. Mais elles ne répondent pas toutes aux cinq ou six fonctions fort utiles. La brique de base reste la géolocalisation GPS (coordonnées en latitude et longitude) ; c’est le « tracking », suivi ou traçabilité des véhicules ou systèmes mobiles embarqués. Le fait de connaître la position de tous les véhicules en temps réel permet de réagir rapidement, autant que possible en équipe, en cas d’aléas.
Autre fonction clé, c’est l’aide à la navigation, toujours avec GPS. Elle permet de déterminer le chemin le plus rapide, le plus court ou le moins coûteux (sans péage), pour aller d’un point à un autre.
Elle existe, gratuitement, avec Google Maps ou Waze, pour sélectionner le meilleur itinéraire, en tenant compte des conditions de circulation en temps réel, et en proposant des itinéraires de contournement ou itinéraires « bis ». Ces applications évaluent l’heure d’arrivée avec une précision étonnante : elles recalculent en permanence, à partir des conditions antérieures en fonction de l’heure et du jour de l’année. Mais elles ne travaillent que sur deux ou trois points de destination. Depuis 2016, Google Maps permet de planifier jusqu’à 10 arrêts sur un même itinéraire. Mais sans possibilité d’en donner l’ordre. L’utilisateur doit saisir les adresses une par une et déterminer par un ‘glisser - déposer’, l’ordre des arrêts. Autre limitation : les arrêts ne peuvent pas être assignés à deux conducteurs ou plus. Et il est impossible de tenir compte de certaines contraintes déjà évoquées telles que créneaux horaires, heures de fermeture, dépassement de temps de travail, etc.).
Gestion de flottes et organisation des tournées
Ainsi, géolocalisation et aide à la navigation ne suffisent pas. Car l’enjeu, c’est d’optimiser l’ensemble des déplacements, globalement, pour une équipe de conducteurs et une flotte de véhicules. Il faut donc y associer non seulement un logiciel de gestion de flotte de véhicules (qui relève la géolocalisation et les données techniques des véhicules - jusqu’à la maintenance prédictive et la programmation des révisions), mais également une application d’organisation des tournées ou planification des visites.
Là intervient un paramètre clé : l’ordonnancement des interventions, c’est à dire la possibilité de réordonnancer les tournées en fonction de décalages horaires - en avance ou en retard, ou à la demande. La planification doit rester ajustable. Le logisticien responsable peut estimer qu’une intervention prime. La réduction du kilométrage et du temps passé sera toujours prise en compte. Et des informations d’alerte seront automatiquement partagées, y compris avec le client destinataire.
La caractéristique de ces nouvelles applications (AntsRoute, Gazoleen, GeoConcept, MapoTempo, Praxedo…) est qu’elles s’appuient de plus en plus sur des algorithmes d’intelligence artificielle (IA). En quelques secondes, elles recalculent l’ordre optimal des arrêts à effectuer, en tenant compte des conditions de circulation et de diverses contraintes « métier » que l’on peut paramétrer. Certes, cette tâche peut être effectuée manuellement par un logisticien très expérimenté, mais il lui faudra plusieurs minutes, voire dizaines de minutes, pour lister toutes les données avec une vue matricielle, et y insérer les changements de dernière heure… et arbitrer.
Reporting et cercle vertueux
Ces applications « intelligentes » sont « apprenantes » : elles s’améliorent au fil du temps. Elles permettent d’éditer, à la demande, des rapports précis, avec lesquels on pourra faire des rapprochements entre temps passé, kilométrage, consommation de carburants, amortissement des véhicules, etc.
Le manager logisticien s’en servira précisément pour étudier les améliorations possibles, répondre à la demande et aux suggestions des chauffeurs-livreurs. Il peut ainsi s’inscrire dans une logique de cercle vertueux - jusqu’à pouvoir renégocier avec les assureurs…
Pierre MANGIN