Entretien

Trois questions à Charles de La Boulaye, co-fondateur de Ciel mon radis

Les deux associés de la start-up Ciel mon radis proposent des activités de jardinage aux entreprises pour les aider à tisser du lien entre leurs salariés. Ils privilégient un modèle de croissance lente, afin de garder les pieds sur terre et conserver leur liberté.


Crédit photo  : Welcome to the Jungle De gauche à droite, Romain Balmary et Charles de La Boulaye, les deux fondateurs de Ciel mon radis
Crédit photo : Welcome to the Jungle De gauche à droite, Romain Balmary et Charles de La Boulaye, les deux fondateurs de Ciel mon radis

Pourquoi avoir fondé Ciel mon radis et avec quel projet ?

Avec Romain [Balmary] , nous sommes deux bons amis qui avions deux points communs : après avoir grandi à la campagne et intégré une école de commerce, nous nous sommes retrouvés en stage à la Défense... C'était intéressant, mais nous trouvions les espaces froids, impersonnels : on se croise dans les ascenseurs, on ne se connaît pas... Par ailleurs, nous passions beaucoup de temps dans des jardins partagés, communautaires. Alors, nous avons eu envie de mélanger ces deux mondes, de créer du lien, d'offrir de la nature aux salariés : en 2014, à 25 ans, nous avons fondé Ciel mon radis. Nous étions parmi les premiers à développer ce type d'activité. A l'époque, il existait principalement des paysagistes traditionnels spécialistes de la végétalisation ornementale des bureaux, d'une part, et de l'autre, des sociétés de l'événementiel. Nous avons eu nos premiers clients en 2015.

Aujourd'hui votre offre a séduit des entreprises comme AXA, BMW, le PSG , Havas, Canal +... Que leur proposez-vous et visez-vous aussi d'autres cibles ?

Nous proposons la création de grands potagers sur les terrasses ou les toitures d'entreprises avec des animations « thym building ». Nous créons le potager avec une vingtaine de collaborateurs volontaires et nous venons l'entretenir avec eux. Dans ce cadre, nous organisons des animations qui s'adressent à tous les collaborateurs : apéro avec le produit des récoltes, atelier construction de « nichoirs à oiseaux »... Nos animations sont conçues comme un spectacle qui vise à favoriser les rencontres. Nous travaillons principalement avec de grandes entreprises : elles ont des enjeux particulièrement forts de création de dynamiques collectives, de marque employeur... et elles disposent des locaux adéquats. Mais nous avons aussi des clients PME, ainsi que quelques projets avec des résidences seniors et étudiantes. Au total, cela représente une trentaine de potagers gérés, pour l'essentiel en Île-de-France, mais nous accompagnons nos clients qui ont des sites ailleurs sur le territoire.

Pour ses dix ans, Ciel mon radis s'approche de la barre des dix salariés. Constitueriez- vous un modèle de « slow croissance » ?

Nous voyons notre développement comme celui d'un plan de tomate : une croissance lente et assurée. Aujourd'hui, nous sommes deux associés et sept salariés, auxquels s'ajoutent les animateurs free lance pour les animations importantes. Nous sommes en train de recruter. Bientôt, nous serons 11, tous les salariés en CDI, car nous privilégions le fait de constituer une équipe. Nous avons toujours développé l'entreprise, qui est rentable, à la vitesse de sa croissance commerciale, et sans faire appel à des investisseurs. Comme beaucoup d'entreprises en France ! L'autofinancement comporte des limites : par exemple, nous n'avons pas encore eu le temps de prospecter les bailleurs sociaux, avec qui nous serions ravis de travailler. Mais ce type de croissance confère un état d'esprit de bonne gestion et il nous permet de conserver notre indépendance, la liberté de porter le message qui nous tient à cœur. La ville peut être difficile à vivre, nous voulons contribuer à la rendre plus humaine, plus soutenable en la maillant de potagers animés. Notre cap : dans trois ans, animer 100 potagers...