« La crise du Covid a illustré le fait que les entrepreneurs des QPV, dotés d'une forte capacité d'adaptation, sont particulièrement résilients »
Trois questions à Marie Adeline-Peix, directrice exécutive en charge de l’action territoriale et des partenariats régio…
Lille, Mulhouse, Avignon... Bpifrance enchaîne les étapes de sa « Tournée entrepreneuriat pour tous ». Objectif : faire connaître les possibilités d'accompagnement et de financement aux porteurs de projets d'entreprise dans les quartiers difficiles, où règne un gâchis de talents.
Pourquoi Bpifrance organise-t-elle une « Tournée entrepreneuriat pour tous » ?
Bpifrance compte parmi ses missions l'accompagnement des entreprises et le soutien à l'entrepreneuriat. Depuis 2019, nous portons un programme spécifiquement dédié aux porteurs de projets issus des territoires les plus fragiles, comme les QPV, les Quartiers Politique de la ville. Il répond à plusieurs constats. Tout d'abord, de manière générale, une entreprise bien accompagnée a des chances de pérennité à trois ans bien plus élevées que celle qui ne l'est pas. Et les entrepreneurs des QPV sont souvent moins bien accompagnés que les autres : ils disposent de moins de réseaux, d'une connaissance moindre et d'une réticence à aller vers les structures d'accompagnement. Or, des études montrent qu'il existe dans ces territoires autant d'envie d'entreprendre qu'ailleurs ! En outre, la crise du Covid a illustré le fait que les entrepreneurs des QPV, dotés d'une forte capacité d'adaptation, sont particulièrement résilients. Tout le sens de notre action consiste donc à lutter contre les déterminismes sociaux ou territoriaux, afin de faire émerger ces opportunités. Le programme, que nous menons avec la Caisse des Dépôts et le ministère de l'Emploi, est doté de 80 millions d'euros sur six ans.
Quelles ressources vont trouver les porteurs de projet ?
L'objectif de cet événement consiste à mettre en visibilité le travail que les structures d'accompagnement présentes sur le territoire réalisent avec nous durant l'année. Durant une demi-journée, porteurs de projets, créateurs d'entreprises ou simples curieux trouvent plusieurs ressources rassemblées dans un même lieu. Ils peuvent écouter des témoignages inspirants d'entrepreneurs de ces quartiers qui viennent raconter leur parcours. Ils peuvent aussi participer à des ateliers sur des thématiques précises, comme l'accès au financement, afin d'y trouver des informations ou se former. Et l'ensemble des réseaux d'accompagnement et de financement implantés localement sont réunis dans une « Fabrique à entreprendre ». Comme par exemple l'Adie [Association pour le droit à l’initiative économique], France Active, Entrepreneurs dans la ville, French tech... Cet écosystème est très dense, mais sa densité engendre de la complexité : ce moment vise à permettre aux participants de s'y repérer. C'est la troisième année que nous réalisons cette tournée. Elle a démarré en octobre à Caen, et va se poursuivre jusqu'en décembre à travers toute la France, en 18 étapes. En 2020, crise oblige, nous avons réalisé 210 événements en format digital, réunissant 140 structures et 4 600 participants. L'année précédente, nous avions réalisé 20 étapes, avec 15 000 participants.
Il existe déjà un réseau dense d'accompagnement à l'entrepreneuriat en France. Qu'apporte Bpifrance ?
Bpifrance joue un rôle de fédérateur et de financeur de l'écosystème de soutien à l'entrepreneuriat, à travers plusieurs types d'actions. Le premier vise le renforcement du financement proprement dit. Par exemple, nous garantissons les prêts accordés par l'Adie. Et nous proposons aussi nos propres prêts, dont les prêts d'honneur solidaires, qui ne requièrent pas de garantie personnelle, et sont distribués par plusieurs réseaux. Le deuxième vise à identifier les porteurs de projet, à les rapprocher des structures existantes. Par exemple, cette année, nous avons mis en place un dispositif de bus, opéré par des structures existantes, qui vont se rendre au pied des tours d’habitation, près des marchés... Le but de ces tournées régulières : orienter les personnes vers ces structures physiques où elles ne se rendent pas. En complément, notre troisième axe s'adresse aux porteurs de projets entrepreneuriaux à forte ambition. Depuis 2019, nous avons soutenu le déploiement d’accélérateurs, des structures destinées à booster la croissance des entreprises. Nous avons financé des structures comme Les Déterminés, et Entreprendre dans la ville, afin qu'ils essaiment dans plusieurs villes. Notre objectif pour fin 2022: 80 promotions d'une vingtaine de personnes accueillies dans ces accélérateurs.