1 milliard d’euros : exportation record pour les vins de Bourgogne en 2019
L’interprofession des vins de Bourgogne salue une année 2019 exceptionnelle sur le plan financier, mais ne cache pas son inquiétude pour l’année 2020. La commercialisation des vins sera impactée par le contexte international.
Situation paradoxale que celle des vignerons bourguignons : d’un côté ils réalisent une année 2019 exceptionnelle, notamment sur le plan financier, qui suit une récolte 2018 non moins remarquable, et de l’autre les nuages s’amoncellent autour de leurs plus importants marchés à l’exportation : taxation aux USA, sortie de l’Union pour la Grande-Bretagne, et contexte social à Hong Kong cristallisent les inquiétudes en ce début d’année 2020. Le coronavirus parachève le tableau.
2019, année record.
En 2019, les rendements ont été plus faibles de 32 % comparés à ceux de 2018, année exceptionnellement productive. La récolte 2019 atteint 1,234 million d’hl, en baisse de 15 % sur la moyenne 10 ans (2009-2018). Mais les vignerons, prudents terriens, ont anticipé cette baisse, et eu recours au dispositif des volumes complémentaires individuels (vcl), instauré en 2015, puis modifié en 2019. Celui-ci permet, sous certaines conditions, de constituer des réserves de vins produits en dépassement du rendement autorisé. « les volumes de VCI 2018 (115 794 hl revendiqués sur la campagne 2019-2020) et la libération de la réserve interprofessionnelle en Crémant de Bourgogne (21 753 hl) ont un effet positif sur les volumes mis en marché. Ainsi, le potentiel de mise en marché tenant compte du cumul des volumes 2018 et 2019 est supérieur de 7 % à la moyenne des sorties de propriété 2009-2018 », note le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB). En préservant ainsi leurs volumes, les viticulteurs bourguignons ont pu répondre à une demande mondiale qui n’a jamais été aussi forte. La Bourgogne réalise environ 49 % de ses ventes à l’exportation, dans 168 pays, et a réalisé, en 2019, un chiffre d’affaires record sur ce secteur, dépassant pour la première fois le milliard d’euros (1,038 milliard d’euros, + 10,3 % par rapport à 2018). Globalement, si le marché croît, il conserve la même physionomie : les 5 premiers marchés en volume des vins de Bourgogne restent les mêmes que depuis 2011 : États-Unis, Royaume-Uni, Japon, Belgique et Canada. Ce quinté regroupe 63 % des volumes exportés, pour 57 % du chiffre d’affaires.
Des inquiétudes pour 2020.
Le marché américain pèse à lui seul 22 % des exportations en valeur, suivi par la Grande-Bretagne avec 14 %, et le Japon (11 %). On mesure ainsi l’importance des paramètres qui affectent ces principaux marchés, et il sont nombreux. « Les Etats Unis, premier marché à l’export, ont instauré une taxe de 25 % ad valorem, qui sera maintenue au moins jusqu’en août 2020. Le Royaume-Uni, 2ème marché, négocie un nouvel accord commercial avec l’Union Européenne, dont personne ne peut dire ce qu’il sera. Hong Kong, 4ème marché en valeur, est secoué depuis plus de 9 mois par des troubles politiques », analyse le BIVB. La situation en Chine nourrit évidemment également l’inquiétude : même si le marché chinois demeure modeste, il est celui qui progresse le plus en volume : + 24,4 % sur 2019 (+22,7 % en valeur à 28,8 millions d’euros). Le BIVB craint un ralentissement lié à l’épidémie de coronavirus Covid-19, lequel « pourrait être visible dans les résultats du premier trimestre 2020 », avertit l’interprofession.
Pour Aletheia Press, Arnaud Morel