Emploi
2021, une année difficile pour le recrutement des cadres
Interrogés en décembre 2020, dans le cadre du baromètre de l’Apec, publié début février, les entreprises, crise oblige, se montrent prudentes en matière de recrutement des cadres et les intéressés craignent pour la préservation de leur emploi.
2020 restera une année sinistrée pour l’emploi cadre : quatre entreprises sur 10 ont annulé ou reporté un recrutement prévu, et jusqu’à une TPE sur deux. Selon les estimations de l’Association pour l’emploi des cadres, les embauches de cadres ont connu une chute vertigineuse de 40 % en 2020, par rapport à l’année précédente. Les offres d’emploi publiées sur son site ont diminué de 29 %, avec de fortes disparités selon les secteurs : la baisse est beaucoup plus marquée, notamment, dans l’automobile et l’aéronautique.
Pour cette année, Gilles Gateau, directeur général de l’Apec ne s’attend « ni à un rebond , ni à un plongeon ». Ce premier trimestre 2021, 11% des entreprises interrogées* envisagent de recruter au moins un cadre (+ 1point, par rapport au dernier trimestre de 2020), un niveau très en deçà des intentions mesurées l’an passé. Exemple, 41 % des entreprises de plus de 100 salariés prévoient de recruter au moins un cadre ce premier trimestre, contre 60 % un an auparavant. « Avant tout préoccupées par le retour de la croissance et l’évolution de leur niveau d’activité, les entreprises ne font pas du recrutement de cadres une priorité pour le début d’année 2021 (8 %), et encore moins les TPE (4 %) », analyse l’Apec.
L’industrie retrouve des couleurs
Les intentions de recrutement restent ainsi limitées. Elles se stabilisent par rapport à la fin d’année 2020. Les entreprises industrielles, dont les embauches ont beaucoup baissé l’an passé, comptent, elles, renforcer leurs effectifs : le secteur enregistre la hausse la plus significative, soit 16 % ces trois premiers mois, contre 8 % au quatrième trimestre 2020.
Les informaticiens et les commerciaux recherchés
Les intentions d’embauche se concentrent principalement sur les secteurs traditionnellement moteurs de l’emploi cadre : les métiers de l’informatique (20%), le commercial (17%), les études et R&D (16%) ainsi que la production industrielle, travaux et chantiers (14%). Ces fonctions représentent les deux tiers des recrutements prévus ces trois premiers mois, selon l’Apec.
D’autre part, les profils présentant une expérience professionnelle de un à cinq ans restent privilégiés, par 58% des entreprises. Ceux disposant d’une expérience oscillant entre 6 et 10 ans, par 52% d’entre elles. Ce premier trimestre, 28% des entrepreneurs anticipent également de recruter un jeune cadre diplômé, contre 25 %, en fin d’année.
Les cadres s’inquiètent, leur confiance s’érode
De leur côté, compte tenu du manque de visibilité des entreprises, les cadres anticipent une situation difficile. Et certains la vivent : fin 2020, 25% d’entre eux indiquent qu’ils ont été concernés par une restructuration de leur entreprise, rapporte l’Apec, et 23% qu’ils ont travaillé dans des structures enregistrant ou annonçant un certain nombre de licenciements depuis le début de la crise sanitaire, soit 4 points de plus qu’en septembre 2020, en particulier dans le secteur industriel.
Corollaire de ce climat anxiogène, près d’un quart des cadres redoutent de perdre leur poste (+5 points, par rapport à septembre 2020). Cette inquiétude grandit de façon plus marquée chez les jeunes (moins de 35 ans) et les seniors (55 ans et plus), respectivement 28 et 25 %, vs 16 et 19 %, en septembre dernier. Et l’écart se creuse entre les cadres travaillant dans des TPE, plus nombreux à se sentir menacés par un licenciement (29%), et ceux employés dans les PME (27%) et en ETI et grandes entreprises (21%).
Prêts à entamer une nouvelle aventure professionnelle
Autre constat, dans ce contexte incertain, une majorité de cadres (63%) estiment qu’il leur serait difficile de trouver un emploi équivalent. Cette proportion grimpe à 84% chez les seniors, précise l’Apec. Mais, en cas de perte d’emploi, les cadres seraient prêts à rebondir, prendre un nouvel élan. Dans ce sens, 75% d’entre eux affirment être en mesure de changer complètement de secteur d’activité, 69% pensent reprendre une formation et 65% prévoient de changer de métier.
* enquête en ligne auprès d’un échantillon de 2 000 cadres, enquête téléphonique auprès d’un échantillon de 1 000 entreprises.
Jihane MANDLI et B.L