A Autun, les bouteilles en plastique alimentent l’imprimante 3D
Depuis 2015, le Fablab d’Autun accueille tous les publics, y compris les professionnels pour guider chacun dans la fabrication d’objets divers et variés grâce à de nombreuses machines
Quatre imprimantes 3D, deux découpes laser, du matériel de sublimation pour faire du transfert d’encre, un scanner 3D, une brodeuse numérique, une découpeuse à vinyle ou encore une découpeuse fil chaud… Le Fablab d’Autun, ouvert en 2015, s’appuie sur des machines et des compétences pour que chacun puisse fabriquer des objets en tout genre.
« Le Fablab dépend de la communauté de communes du Grand Autunois Morvan et remplit une mission de service public dans le cadre d’une politique de lutte contre la fracture numérique. L’objectif est de donner un accès à ces technologies à des publics qui en sont éloignés » précise Laurent Gautheron-Gaye, responsable du Pôle numérique. Le Fablab se veut aussi un outil pour le grand public adepte de loisirs créatifs ainsi que pour des professionnels profitant des équipements pour réaliser des prototypes. « La fréquentation annuelle avoisine 1 400 personnes et nous avons une cinquantaine d’adhérents. »
Une innovation collaborative
Tout au long de l’année, les utilisateurs peuvent s’appuyer sur les compétences de Loïc Roy, le Fab manager. Ce dernier a d’ailleurs développé un processus pour transformer les bouteilles plastiques transparentes en fil pour l’imprimante 3D. « Je fais partie d’un groupe sur Facebook qui tente de relever des défis et notamment celui-là. On partage nos expériences et nos procédés en open source. J’avais essayé le broyage mais c’est un process compliqué et coûteux » explique Loïc Roy.
Il s’est donc appuyé sur ce travail collaboratif pour expérimenter l’idée de replier des bandes de bouteilles plastiques. Le matériau des bouteilles, du PET, se rapproche en effet de celui utilisé pour concevoir le fil utilisé dans les imprimantes 3D, le PETG.
Pour y parvenir, Loïc Roy a fabriqué un outil avec roulement pour découper les bouteilles en bandes en quelques secondes. « On la passe ensuite dans une pièce qui chauffe et ramollit le plastique pour le transformer en fil au diamètre voulu pour être utilisé dans l’imprimante. » Pour construire un tel processus, le Fablab se sert également d’anciennes machines ou de pièces de récupération.
Transmettre
« C’est un procédé artisanal à petite échelle qui apporte toutefois une solution alternative à l’achat de fil tout en participant de la réduction des déchets » insiste Laurent Gautheront-Gaye. Avec une bouteille d’eau d’1,5 litre, le Fablab d’Autun réalise sept à huit mètres de fil, soit environ 15 grammes, un processus que les machines réalisent en une heure.
Dans le commerce, une bobine de fil pèse entre 500 g et un kilogramme. « Je peux souder les fils entre eux pour avoir plus de longueur » complète Loïc Roy qui accompagne les adhérents pour qu’ils s’approprient le concept en recyclant leurs propres bouteilles. Le Fablab entend essaimer cette pratique et d’autres en ouvrant ses compétences et ses savoirs au plus grand nombre.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert