Artisanat du bâtiment : une reprise...sous tension
Après un recul de 9% en 2020, l’artisanat du bâtiment a retouvé un niveau d’activité soutenu en 2021, et ce, malgré le contexte sanitaire. Mais les entreprises du secteur se trouvent confrontées à la hausse des coûts et aux difficultés d’approvisionnement.
L’activité des artisans du bârtiment est repartie. Selon la note de conjoncture publiée fin janvier par la Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment), en 2021, celle-ci a globalement progressé de 2,5% par rapport à son niveau d’avant-crise (2019) et de 12,5% sur un an. Cette reprise a été tirée principalement par les travaux d’entretien-rénovation qui s’accroissent de 4% au quatrième trimestre 2021 et de 14% sur l’ensemble de l’année. « C’est la preuve que les entreprises artisanales ont encore su s’appuyer sur leurs capacités d’adaptation et d’agilité pour répondre à la demande», commente Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.
Une dynamique annuelle positive
Grâce à un flux de commandes croissant et une réserve de travaux importante, l’activité du bâtiment a progressé de 3,5% au dernier trimestre 2021. Les travaux d’amélioration de performance énergétique sont en hausse de 4,5%. De son côté, l’activité dans la construction neuve augmente aussi, de 11% en 2021, portée majoritairement par la hausse des mises en chantier de logements.
Cette reprise bénéficie à l’ensemble des corps de métiers et à toutes les régions d’une façon homogène. En détail, la croissance de l’activité s’élève à 4% pour la maçonnerie et l’électricité, à 3,5% pour la menuiserie-serrurerie et 3% pour l’aménagement-décoration-plâtrerie et la couverture-plomberie-chauffage. Sur le plan territorial, la Bretagne, le Grand-Est et la Nouvelle-Aquitaine progressent de 4% sur un an. L’Ile-de-France et la Normandie évoluent plus modestement (+3%).
Côté situation financière, la Capeb souligne aussi une amélioration de trésorerie pour les entreprises artisanales du bâtiment, puisque fin 2021, 11% des professionnels déclaraient une dégradation de leur trésorerie, contre 26% à la même période de l’année précédente. La part des entreprises faisant état de besoins de trésorerie a également reculé, passant de 22% à 9%. Et les carnets de commande se regarnissent : ils ont représenté, en moyenne 100 jours en 2021, contre 74 jours en 2019. Au quatrième trimestre 2021, 22% des entreprises artisanales déplorent une baisse de leurs marges, tandis que 7% constatent une amélioration.
S’agissant des recrutements, début 2022, 19% des entreprises artisanales du bâtiment prévoient d’embaucher, 80% vont maintenir l’emploi à son niveau actuel et seuls 1% envisagent de licencier ou ne pas renouveler des contrats.
Sous le signe de la prudence
Par ailleurs, bien que l’activité ait retrouvé un niveau plus conforme, les chefs d’entreprises font face à plusieurs incertitudes pesant sur leur moral, notamment l’inflation et les difficultés d’approvisionnement. En effet, ces derniers subissent une hausse des coûts qui s’établit, en moyenne, à 18% sur un an, selon l’étude menée par la Capeb auprès de 1 700 entreprises adhérentes au dernier trimestre 2021. La plus forte hausse des prix est enregistrée dans la menuiserie. Celle-ci s’élève à 22% et s’explique par l’envolée des prix du bois et de l’acier. Dans ce contexte, 55% des entreprises sondées ne répercutent pas l’inflation sur leur clientèle, tandis que les 45% restant affirment procéder à une répercussion à hauteur de 33%. Le secteur de l’électricité étant celui la répercutant le plus sur ses prestations.
Autre souci, l’approvisonnement. Les difficultés se confirment : la proportion des entreprises constatant une pénurie de matériaux est passée de 53% en juillet 2021 à environ 60% en décembre. Dans la durée, ce problème se traduit par des retards de chantiers (dans 46,5% des cas), voire des reports (dans plus d’un cas sur cinq), ou encore, des problèmes d’organisation (26%), des changements de distributeurs (16,3%) et une substitution des produits (16,3%).
En se basant sur la dynamique positive affichée en 2021, la Capeb table sur une croissance de l’activité de 2 à 3% pour cette année. Néanmoins, l’organisme appelle à la prudence car le secteur reste donc toujours menacé par des contraintes qui devront être anticipées et gérées par les dirigeants : «de très nombreuses incertitudes demeurent et pèsent sur le moral des chefs d’entreprises, au bord du burn-out, alerte le dirigeant de la Capeb, auxquelles s’ajoutent la période électorale et l’évolution de la crise sanitaire ».
AÏcha BAGHDAD et B.L