AVS, entreprise solidaire qui veut montrer l’exemple
AVS Communication a rejoint le mouvement des bureaux du cœur en mettant ses locaux à disposition d’une personne sans domicile, au profil particulier, pour une durée déterminée. L’entreprise aimerait que d’autres rejoignent cette démarche.
Chaque soir, quand ils quittent les bureaux et les ateliers dijonnais d’AVS Communication, le dirigeant et les collaborateurs saluent Eric qui s’installe, quant à lui, pour la nuit dans un bureau transformé en chambre à son intention. « Ma famille a toujours été engagée socialement et je cherchais comment faire à mon tour. Quand j’ai vu un reportage sur les bureaux du cœur il y a quelques mois, l’initiative m’a plu » se souvient Arthur Deballon, dirigeant d’AVS Communication.
Le concept est simple : Mettre un bureau ou un espace à disposition d’une personne sans domicile fixe pour la nuit pendant trois mois, renouvelable une fois au maximum. « On a des locaux que l’on chauffe 24 heures sur 24 et de l’espace disponible la nuit que personne n’utilise alors que des gens dorment dehors, par tous les temps. » Arthur Deballon s’est rapproché de l’association à Lyon car elle n’avait pas encore de relais local.
« Une personne est venue vérifier que notre entreprise répondait aux critères pour accueillir dignement quelqu’un. » Une fenêtre, un point d’eau chaude, un canapé convertible… Chez AVS Communication, le bénéficiaire profite d’un espace inutilisé de 40 mètres carrés. « Ce n’est pas obligatoire, l’initiateur du projet laisse un convertible dans son bureau à disposition. Nous, nous avions cette pièce inutilisée que l’on a adaptée. »
Un profil spécifique
Une fois la démarche validée, l’entreprise et les Bureaux du cœur ont cherché une structure pour identifier et accompagner le bénéficiaire. C’est le Groupe Idée 21 remplit cette mission. Pour profiter du concept, le candidat doit vivre seul, sans animaux, n’avoir aucune addiction, disposer de ses papiers ou être sur le point de les avoir et enfin occuper un emploi.
Le dirigeant et le bénéficiaire ont fait connaissance avant de s’engager respectivement. « Eric travaille mais vit, depuis six ans, dans une tente. Il cherche un logement chez un bailleur social mais la demande est supérieure à l’offre. » Chaque matin, le locataire quitte les lieux vers 6h pour rejoindre son emploi à une heure de transport en commun et revient en fin de journée où il croise les équipes. Même si c’est bien Eric qui ferme les locaux, Arthur Deballon rappelle qu’il n’est pas là pour assurer une mission de gardiennage. « Seul dans 3 000 mètres carrés en zone industrielle, cela le rassure aussi de vérifier que tout est fermé. »
Lever les freins
Pour le dirigeant, l’expérience, qu’il a mise en place en accord avec ses équipes, est avant tout humaine. « Ça repose les choses, les problématiques du quotidien, tout ce que des gens traversent juste à côté de nous. » Arthur Deballon espère voir essaimer le concept mais entend les freins, plus ou moins valables selon lui. « On me dit : Mon activité est confidentielle, ou dangereuse. Je n’ai pas la place… Mais ce sont de faux freins. » Et sur la question de la confiance accordée, le dirigeant ne fait pas dans la langue de bois. « J’ai plus confiance en Eric qu’en certains collaborateurs qui viennent d’arriver. Je le connais mieux que certains qui manipulent des machines ou des véhicules coûteux. Il a plus à perdre que quelqu’un que je viendrais de recruter ! » Arthur Deballon rappelle également aux réticents à s’engager que le bénéficiaire, comme l’entreprise, sont largement encadrés et accompagnés dans la démarche, jusqu’à suggérer des assureurs prêts à s’engager eux aussi.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert