Bièvre Elithis immobilier promoteur : Dépenser autant mais construire mieux
Décidé à alerter les promoteurs de la nécessité d’agir aujourd’hui pour modifier le parc tertiaire de demain, Thierry Bièvre, PDG et fondateur du groupe de conseil et d’ingénierie du bâtiment Elithis, invitent les acteurs de la construction à miser davantage sur la matière grise.
Construire mieux pour le même prix, dans l’intérêt de tous, tel est le message que Thierry Bièvre pourrait adresser aux professionnels de la construction. Alors qu’avec la tour Elithis, il a imaginé le premier immeuble de logement au monde qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme, le PDG du groupe du même nom conçoit le bâtiment comme un acteur à part entière de la lutte contre le réchauffement climatique. « Il faut amener les usagers du parc à se responsabiliser sur les écogestes. Face à des comportements qui peuvent nuire, le bâtiment à un rôle ergonomique. Il incarne les changements et doit amener à modifier les habitudes. » Pour y parvenir, l’entrepreneur veut provoquer. Provoquer un ressenti des usagers, provoquer pour adresser un message à l’utilisateur qui doit s’en saisir, provoquer avec des constructions qui ne ressemblent pas à ce que l’on connait pour amener chacun à se questionner. Pourtant, il regrette que les promoteurs s’inscrivent dans une certaine continuité. « On a abordé le 21ème siècle avec des idées du 20ème ! On duplique une trame. Il n’y a pas de solution générale mais des solutions à adapter. »
Mieux penser l’avenir.
Pluridisciplinaire, le bâtiment du futur doit intégrer de nouvelles compétences selon Thierry Bièvre. « Il devra affronter un climat qui va évoluer. Pour éviter l’obsolescence, il doit aussi être adaptable et flexible pour tenir compte de technologies qui n’existent pas encore mais qui pourront y être intégrer. » Pour le PDG du cabinet de conseil et d’ingénierie, à persister dans leurs habitudes, les promoteurs risquent de voir la population se radicaliser vis-à-vis des constructions, rejetant tous projets nouveaux. Pour concilier construction et avenir, il encourage donc à déplacer le curseur en investissant plus d’argent sur la conception et moins sur la réalisation. « Les promoteurs font l’inverse, pensant que l’écologie coûte plus chère mais c’est faux. On peut générer des bâtiments à haute valeur environnementale avec plus de matière grise. Les promoteurs ont tout à gagner à faire de la qualité » insiste le dirigeant. Il s’appuie sur sa tour Elithis, sortie de terre en 2009 à Dijon et qui aura coûté 1 400 euros du mètre carré ; selon lui, un prix équivalent à une construction classique dans le même secteur. Dix ans après, la tour Elithis s’inscrit toujours comme une exception dans l’univers de la construction. « Je suis déçu que l’on n’ait pas été rattrapé et copié. Cette tour fait encore neuf fois mieux que la réglementation actuelle. L’immobilier progresse trop lentement. » Face aux futurs défis climatiques ou numériques, Thierry Bièvre craint que les promoteurs ne soient pas armés. « Nous sommes un pays riche d’imagination et les promoteurs ne doivent pas se mettre de côté car ils ont la capacité de générer du progrès et d’oser. » De son côté, il poursuit son travail et entame la construction de 100 nouvelles tours en France et en Europe. En association avec le fond suédois Catella Residential Investment Management, ce projet à 2 milliards d’euros devrait donner naissance à des constructions résidentielles « à énergie positive” d’ici 2030.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert