Transports

Bornes de charge pour véhicules électriques : que réserve la route des vacances ?

Au moment des départs en vacances, les propriétaires de véhicules électriques s’inquiètent des possibilités de recharge sur leur itinéraire. Certes, les applications existent, permettant d’anticiper et de cartographier les sites de recharge. Mais la disponibilité réelle des bornes pose questions…









Bornes de charge pour véhicules électriques : que réserve la route des vacances ?

Premier fait : il y a bien un risque de pénurie de bornes de recharge dès lors que l’on s’engage sur un trajet routier ou autoroutier de plus 300 km. Au printemps, l’association T&E (transport et environment.org) était rassurante : la plupart des pays européens tiennent leurs objectifs s’agissant de leur plan d’installation des bornes de recharge, en fonction du nombre de véhicules électriques en circulation. Au total, fin 2023, l’UE comptait 630 000 points de charge, soit trois fois plus qu’en 2021.

La France serait plutôt bien placée, ayant déjà dépassé son objectif 2024 (158%). D’autres pays s’en sortent bien comme l’Espagne (168 %), l’Italie (165 %), l’Autriche (150 %) ou encore l’Estonie (185 %). Les pays proches des objectifs sont le Portugal (91 % de l’objectif), la Hongrie (92 %) et la Lituanie (84 %), tandis que ceux à la traîne sont la Grèce (61 %), l’Irlande (35 %), le Luxembourg (49 %)…

L’objectif de l’UE à 2030 est de disposer d’une station de recharge rapide tous les 60 km sur les routes principales. Un récent rapport de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles) est moins optimiste : le développement du réseau de bornes de recharge à l’échelle européenne serait en retard sur celui des ventes de véhicules électriques.

Deux types de bornes

A noter qu’il existe deux types de bornes : celles sur courant alternatif (AC) de moindre capacité (7 à 22 kW) qui requièrent au moins quatre heures de charge pour une batterie de 50 à 70 kWh ; et celles sur courant continu (DC) offrant de 150 à 300 kW, nettement plus chères, pour des charges rapides et très rapides. Dans une ville comme Paris, les trois quarts des bornes sont en courant alternatif (AC) et suffisent pour des petits véhicules urbains.

Les géants de la distribution sont souvent positionnés avec des prix d’appel (0,30 à 0,40 €/kWh) en s’alliant à des spécialistes comme Allego, EvZen, TotalEnergies, ou autres. C’est le cas de Carrefour, Casino, Leclerc, Lidl, ainsi que des fast food -McDonald et, depuis peu, Burger King - et même les boulangeries Marie Blachère…

Les constructeurs automobiles et les loueurs sont également entrés en lice. Renault et 400 de ses concessionnaires proposent des sites de recharge et accompagnent l’installation de bornes chez les particuliers et les copropriétés (ZEborne ; environ 2000 €). Stellantis, qui a lancé Free2move Charge, finance des solutions de recharge et de gestion énergétique pour les particuliers, les entreprises et les collectivités. Son projet Altante prévoit 35 000 points de recharge rapide (100 à 175 kW) en France, Italie, Espagne et Portugal, d’ici à 2030.

Tesla, adepte des prix bas, surtout en mode rapide, a ouvert ses sites de recharge aux véhicules concurrents. Quelques soucis de compatibilité subsistent, mais le géant américain vient d’ouvrir hors autoroute A1, à proximité du péage de Roye (à mi-chemin entre Lille et Paris) son plus vaste site de recharge rapide, avec lounge-bar et light-snack. Mercedes, Nissan et d’autres proposent également des offres ‘premium’ attractives (« un plein électrique à 17 € »).

Deux modes de paiement

Côté paiement, rares sont les bornes qui acceptent la carte bancaire (cf. TotalEnergies).

Soit les opérateurs fournissent une carte, avec un compte en ligne - comme Ionity (17,99 € /mois) ou Miio - start-up contrôlée depuis peu par Repsol et présente désormais en Italie, Allemagne, Belgique et Pays-Bas, outre le Portugal, l’Espagne, la France. La carte Pass d’Izivia (Enedis/EDF) coûte entre 5 et 20 euros par mois, selon les villes, pour 0,25 à 0,79 € par kWh, selon la rapidité de charge. Facturation et prélèvement sont mensuels et le stationnement généralement gratuit (comme à Paris : 6h).

Soit on ouvre un compte sur une application mobile, sans frais d’abonnement, avec carte bancaire, comme le proposent TotalEnergies, Shell Recharge ou Freshmile (achat initial d’une carte Pass à 4,99 € ). Attention, le numéro de passeport est parfois demandé hors de France, dans l’UE (anomalie !). Electra (40 stations de recharge rapide/très rapide en France) propose les deux options : application mobile ou carte d’abonnement (moins demandée).

Localisation et disponibilité des bornes

Une difficulté subsiste : localiser les bornes qui sont ouvertes et en fonctionnement - car certaines sont situées sur des parkings fermés la nuit… Les applications sont, semble-t-il, plus efficaces si elles sont participatives, communautaires (sur le modèle de Waze, les utilisateurs informent en temps réel). Pour de longs trajets, comme chez Tesla, certaines applications permettent de programmer ses arrêts de recharge et de les modifier : l’algorithme recalcule tout jusqu’à destination. Attention, certains sites demandent un code : il figure sur la fiche descriptive ; pas immédiatement visible.

Les prix sont serrés et les opérateurs gagnent peu ou très peu sur les charges. Le prix aux 100 km varie de 1 à 3 selon le fournisseur et la rapidité. La moyenne nous parait être à 8€, entre, par exemple, 4,25€ chez Lidl, Freshmile, Izivia, et 15,81 € chez Shell Recharge (borne DC rapide).

Là encore, la sobriété paie : selon le mode de conduite et la vitesse, la consommation peut aller du simple au double… A vos calculettes !

Pierre MANGIN