BTP
En Cote d'Or, une cession en béton
Pennequin, acteur local reconnu des travaux publics, annonce le rachat de Maggioni, fabricant emblématique de béton. Une opportunité pour gagner en autonomie et inscrire un peu plus la filière BTP dans le développement durable.
Près de quarante ans que Francis Pennequin, l’acteur des travaux publics, et Jean-Louis Maggioni, co-dirigeant avec son frère Jean-François de l’entreprise de béton homonyme, partagent une longue amitié. Amenés à se côtoyer dans leur vie professionnelle, les deux hommes ont franchi une nouvelle étape puisque le premier rachète le second. Ce rapprochement a été initié en 2020 quand l’entreprise Pennequin a débuté l’exploitation d’une carrière de granulats à Prenois. « Nous pouvons extraire 260 000 tonnes par an. Notre activité de travaux publics en utilise environ 160 000 tonnes » explique Francis Pennequin. Le tonnage restant pouvait être mis à la disposition d’autres professionnels.
Par ailleurs, « Le schéma départemental des carrières de Côte-d’Or a imposé une diminution des extractions alluvionnaires de 2% par an pendant douze ans au profit des roches passives comme notre carrière. » Cette décision a obligé les frères Maggioni à réduire leur activité dans les sablières de Tréclun et Genlis et à trouver un nouvel approvisionnement auprès de la carrière Pennequin de Prenois.
Une transition respectueuse
Au détour d’une discussion, Francis Pennequin apprend que son ami et client envisage de céder son activité, ses enfants n’ayant pas le souhait de prendre la relève de l’entreprise créée en 1956 par leur grand-père. Le dirigeant y voit une opportunité et se porte acquéreur en juillet 2022. « Plutôt que de vendre à un faiseur, on devient autonome en alliant les deux activités. » Les frères Maggioni vont accompagner la transition jusqu’en janvier 2023, date où Jean-Baptiste Pennequin, filleul de Jean-Louis Maggioni, prendra les rênes de la société. « On conserve le nom avec l’accord de la famille pour continuer à faire briller cette étoile qui a 65 ans » sourit Francis Pennequin, respectueux du travail de ses amis.
Pour autant, cette acquisition s’inscrit comme un nouveau défi pour le dirigeant de 61 ans qui voit reculer son départ en retraite. « C’est un emprunt conséquent pour l’entreprise, un challenge en termes de personnel et je me suis engagé à accompagner la démarche sur plusieurs années. » Les effectifs de l’entreprise vont quant à eux passer de 80 à 120 personnes, le chiffre d’affaires de neuf millions d’euros de Maggioni venant désormais s’ajouter à celui de Pennequin.
Se tourner vers le durable
« Maggioni fonctionnait bien sans nous, il n’y a pas de raison qu’elle fonctionne mal avec nous » insiste Francis Pennequin. Le chef d’entreprise veut opérer une transition en douceur, « avec la modestie nécessaire » mais aussi quelques ambitions et des projets. Parmi eux, celui de mettre l’accent sur le recyclage des bétons et calcaires de démolition. « Concassés et criblés, nous pourrons en refaire des gravillons qui repartiront dans le process industriel pour donner une seconde vie au béton. » Si l’idée est là, le dirigeant sait qu’il faudra dépasser quelques freins. « Les normes françaises et européennes doivent évoluer pour intégrer les matériaux recyclés. » Pour l’heure, Francis Pennequin pense déjà à d’autres produits moins normés destinés aux trottoirs et bordures ou encore au remplissage des tranchées. Il entend ainsi accroitre le service proposé aux entreprises de gros œuvre.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert