Chardonnay, derrière une appellation, une commune
Si l’appellation Chardonnay dépasse largement les frontières de la Saône-et-Loire, le village en lui-même ne bénéficie pas de la même renommée. Pour tenter d’y remédier, trois viticulteurs se sont associés pour faire naître le domaine du Château de Chardonnay.
Au 15ème siècle, le château du village de Chardonnay accueillait les habitants du village. Jouant le rôle de tinailler de la commune, il permettait à chacun de venir vinifier son vin. Au fil du temps, alors que l’appellation Chardonnay a fait son chemin et a construit sa renommée en France et dans le monde, le village n’a pas profité de cette mise en lumière. Sur l’ensemble des exploitants présents dans la commune, seuls une poignée produit son propre vin. « Nous élevions notre raisin et le donnions à une cave coopérative. Nous n’avions pas d’étiquette propre et n’avions pas un regard total sur le produit final » explique Romain Poncet, viticulteur. Auprès de son oncle et de son grand-père, il a appris le métier de la viticulture, mais n’avait pas la main sur le travail de vinification, la mise en bouteille ou encore la commercialisation, gérés par la coopérative.
Des amis et du vin
Profitant que sa famille soit propriétaire du château de Chardonnay, Romain Poncet, son ami d’enfance Jean-Christophe Taboulot, lui aussi viticulteur avec son associé Jheriko Sevely ont imaginé de créer leur propre domaine. « Le village est méconnu alors qu’il a donné son nom au cépage. » poursuit Romain Poncet. En 2018, les trois hommes pensent le projet qui deviendra réalité en 2019 avec un total de 12 hectares de vigne regroupés.
« Nous voulions faire des vins ensemble et nous voulions mettre en valeur le village et le château. » ajoute-t-il. Le bâtiment abrite désormais les cuves et les futs du domaine du château de Chardonnay, tandis que les trois hommes ont l’ambition de faire un vin de qualité, maîtrisant leur rendement à 50 – 55 hectolitres de moyenne. « Nous espérons augmenter les surfaces dans l’avenir. » En 2022, le domaine a produit 15 000 bouteilles, à 80 % en chardonnay, comptant également de l’aligoté et du gamay dans sa palette pour plus de diversité. « Nous vendons nos vins aux particuliers, aux touristes de passage sur le domaine ou aux restaurants. » assure Romain Poncet.
Coup de projecteur sur Chardonnay
Des visiteurs sont parfois surpris d’entrer dans la commune de Chardonnay et de n’y trouver que peu d’exploitants pour leur ouvrir leur porte. « Il y a une demande, une attente pour mieux connaître le village et l’histoire du cépage, il y a des choses à développer » insiste Jean-Christophe Taboulot. Les trois associés n’excluent pas, à plus long terme, de mettre en lumière ce passé viticole dans un musée ou d’autres solutions dédiées à l’œnotourisme autour de cette appellation.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert