Délicassie redonne vie à une recette d’antan
Après avoir compris ce qu’il ne voulait pas faire de sa carrière, Antoine Boileau s’est investi pleinement dans la création de son entreprise : Delicassie. Il débute dans sa cuisine d’étudiant puis investit dans un outil de production avant de diversifier sa gamme de biscuits qu’il vend aujourd’hui en France et à l’étranger.
Un an passé comme responsable du développement de l’innovation pour une multinationale américaine de l’automobile, aura permis à Antoine Boileau de douter de la poursuite de son avenir professionnel. « J’ai vu ce que je ne voulais pas devenir, ce que je ne voulais pas faire et ce à quoi mon entreprise ne devait pas ressembler. » De retour en France, l’envie d’entreprendre, à l’image de ses parents ou comme l’un de ses amis, fait son chemin dans l’esprit de l’étudiant en master à l’école de commerce de Troyes. Un repas de famille lui indiquera la voie à suivre. « On m’a expliqué que la recette de pain d’épice de Vercel de ma grand-mère, celle que nous faisions le mercredi, datait du 17èmesiècle et véhiculait une belle histoire. » Avant la première Guerre Mondiale, chaque année 12 tonnes de cette spécialité sortaient des usines de Besançon et environs. « La recette est tombée en désuétude avec l’industrialisation à partir des années 60, finissant dans les tiroirs des familles. »
Faire revivre la tradition
En 2016, une nuit suffit au jeune étudiant à lancer l’entreprise Délicassie et à créer une boutique en ligne avec la photo d’un premier pain d’épice cuisiné dans son petit appartement. Les premières commandes affluent et le jeune homme n’hésite pas à abandonner ses soirées entre amis pour surveiller régulièrement la cuisson de ses gourmandises. Après ses études, en 2016, il rejoint ses grands-parents à Loray (Doubs), installe une cuisine dans son appartement, prend le statut de SARL et investit dans un pétrin, un four à pizza et un laminoir d’occasion. Après avoir sillonné les marchés, il approvisionne une cinquantaine de boutiques pour qui il continue à cuisiner de chez lui. En 2018, il embauche deux personnes pour l’aider à la production puis s’associe à Hugo, un ami. « Il m’a apporté ses connaissances de la grande distribution, il a structuré et rationnalisé le projet et nous avons étoffé la gamme avec la barre chocolatée Hubert. »
Grandir sereinement
Juste avant la crise de la Covid, ils engagent 300 000 euros dans un outil de production agro-alimentaire installé dans un bâtiment voisin. Fin 2020, le site est opérationnel tandis que les deux associés s’appuient sur trois salariés et les compétences d’un ESAT du territoire pour l’emballage et le conditionnement. Désormais, 40 % du chiffre d’affaires de Délicassie reposent sur les ventes en ligne, le reste provient des 300 boutiques revendeuses installées en France et à l’étranger. En plus du pain d’épice de Vercel, Délicassie réalise désormais sa barre chocolatée ainsi que d’autres biscuits. « Nous avons l’objectif d’atteindre 300 000 euros de chiffre d’affaires d’ici deux ans. Nous connaissons une belle progression. » Antoine Boileau espère en parallèle voir aboutir son projet avec le luxueux hôtel du Ritz à Paris qui pourrait proposer ses pains d’épice en chambre pour accueillir ses clients. En peu de temps, la belle idée de valoriser un produit régional s’est transformé en véritable sucess story.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert