Demain, mon salon dans la voiture ?

Certains rêvent de la voir s’effacer au profit du vélo, mais la recherche et développement de nombreuses entreprises s’applique à inventer la voiture de demain... Le 20 avril, lors d’une conférence de presse en ligne, l’équipe de l’Échangeur BNP Paribas Personal, cellule de prospective de l’établissement bancaire consacrée au marketing à la relation client et à l’innovation, présentait la 12 ème édition de l’étude « I.A, Web3, I.O.T…Qui construira le commerce de demain ? »

Parmi les thèmes majeurs, les experts ont exploré celui de la voiture de demain. « La mobilité est un sujet clé pour le retail, c’est le secteur qui est actuellement le plus disrupté par la technologie », estime Guillaume Rio, responsable des tendances à l’Échangeur BNP Paribas Personal. Actuellement, sur le plan de la diffusion des innovations, c’est l’essor de la voiture électrique qui occupe le devant de la scène : dans le monde, ses ventes ont crû de 55 % entre 2021 et 2022, pour atteindre 10 millions de véhicules. Cela représente 13,5 % du marché. En France, la route reste longue avant d’atteindre l’objectif de production tout électrique fixé pour 2035. Mais l’horizon auquel s’attachent les experts de la technologie est autre : c’est celui désigné par Elon Musk, notamment créateur de la Tesla, lorsqu’il assimile les voitures à des « Ipad sur quatre roues », et à des lieux « comme si tu étais dans ton salon », explique Guillaume Rio. En effet, dans un futur où la voiture sera totalement autonome, à quoi s’occuperont ses passagers ? Telle est la grande question, et une multitude d’innovations commencent à poindre pour y répondre. Elles naissent dans un écosystème où se combinent, de plusieurs manières, les constructeurs automobiles, les géants de la tech et des start-up. Avec des stratégies diverses. Par exemple, « BMW ne veut pas travailler avec les géants de la tech, ils ont développé leur propre système d’exploitation. L’entreprise avait décidé de cette stratégie dès 2017, en anticipant la tendance du service », décrypte Guillaume Rio.

Acheter en route

A l’inverse, Honda et Sony ont lancé Affela, un véhicule qui intègre l’ensemble de l’écosystème électronique de Sony, et qui sera commercialisé en 2025. Les deux ont présenté leur véhicule commun au CES de Las Vegas, en début d’année. Sa conduite requiert encore l’attention du conducteur. Toutefois, il est en mesure d’accélérer, de freiner et de doubler de manière autonome, grâce à un système très sophistiqué d’assistance à la conduite. Ce dernier comporte, notamment, 45 caméras et capteurs, dont un capteur Lidar. A l’intérieur, les passagers disposent de plusieurs écrans : un tableau de bord numérique pour le conducteur, un écran multimédia pour le passager avant et d’autres, pour les sièges arrière...

Par ailleurs, en matière de mobilité, « la grande tendance est de pouvoir acheter à distance depuis son véhicule. On ne prendra plus son smartphone pour commander et payer », ajoute Guillaume Rio. Par exemple, en Allemagne, les Mercedes sont déjà équipées du dispositif Mercedes Pay+ (avec Visa), un dispositif qui devrait être étendu bientôt dans le reste de l’Europe. Il permet un paiement sécurisé depuis sa voiture qui devient elle-même un terminal de paiement : concrètement, les clients peuvent payer leur plein de carburant, ou des applications qui leurs sont proposées par Mercedes, en s’identifiant via leur empreinte digitale.

Autre champ majeur d’innovations et d’expérimentations : la connexion de la voiture avec le reste de l’environnement digital de son propriétaire. Les possibilités sont infinies. Cela va de l’avertissement concernant la sécurité de la conduite, en lien avec des données de santé du conducteur, à la liaison avec la domotique de la maison qui permet de passer une commande à l’approche du véhicule, si le frigo est vide… Au dernier CES de Las Vegas, Samsung présentait un réseau domotique complet (qui permet de commander frigo, électricité, chauffage…) qui s’étendait aussi aux véhicules.