Eden ETTP veut faire gagner du terrain au travail à temps partagé
Elles ne sont que deux à Dijon à pouvoir se définir comme des entreprises de travail à temps partagé. Eden ETTP est l’une d’elle. Dirigée par Laëtitia Ngama, l’activité apporte une réponse aux entreprises, associations ou collectivités qui n’ont pas la possibilité d’embaucher, même à temps partiel.
Méconnu, le concept d’entreprise de travail à temps partagé, ETTP, s’installe peu à peu dans la métropole dijonnaise porté, notamment, par Laëtitia Ngama. « Le temps partagé répond à une entreprise qui a besoin de personnel, mais ne peut pas embaucher à temps plein, ni même à temps partiel, car elle n’a pas la visibilité à long terme. » Par ailleurs, la loi impose aux entreprises un minimum de 24 heures hebdomadaires pour recruter un salarié en temps partiel tandis que les intérimaires abandonnent facilement leur emploi pour un poste à temps plein.
En réponse, les ETTP ont vu le jour en 2005 à l’initiative d’une loi qui ne portait au début que sur les cadres avant d’être étendue aux employés, techniciens et agents de maîtrise. Les ETTP proposent ainsi des contrats en CDI à partir d’une heure hebdomadaire. Le salarié choisit le nombre d’heures pendant lesquelles il veut exercer une activité chez un ou plusieurs employeurs. Alors qu’elle vivait à Paris, la quarantenaire, originaire de Chenôve, a compris l’intérêt du principe pour de nombreux publics. « Ce fonctionnement convient aux mères de famille qui veulent passer du temps avec leurs enfants ou aux personnes qui doivent s’occuper d’un parent malade par exemple. »
Une solution facile
Avec son frère Terence, Laëtitia Ngama crée l’entreprise Eden ETTP en décembre 2021 à Chenôve. « Nous avions grandi dans le quartier, nous y sommes attachés. Nous voulions amener un service, être utiles à la ville. » La commune enregistre un taux de chômage élevé qui a encouragé Laëtitia Ngama à revenir avec son activité. Chez Eden ETTP, artisans, PME, associations ou collectivités doivent s’engager pour une durée minimale de quatre mois, afin de ne pas « balloter les salariés. »
L’entreprise s’occupe de rémunérer les travailleurs, d’établir les contrats de travail et de tous les aspects administratifs. « L’entreprise cliente ne reçoit qu’une facture à régler en fonction du nombre d’heures. Nous lui prêtons le salarié et mettons en place avec elle un contrat de mise à disposition. » Un simple avenant entre l’ETTP et le salarié permet d’augmenter ou de réduire la durée de travail.
Réussir à convaincre
Depuis son lancement, il y a un peu plus d’un an, Eden ETTP emploie trois salariés aux bénéfices de cinq entreprises, deux en service administratif et un en manœuvre. « Les entreprises ont besoin de pouvoir embaucher, de cette souplesse, tout comme les salariés, mais elles peinent à nous faire confiance » regrette Laëtitia Ngama. Si trouver de la main d’œuvre ne lui pose aucun problème dans une période où beaucoup n’arrivent pas à recruter, l’entrepreneuse sait qu’il faudra du temps pour que le principe s’installe durablement dans le paysage des alternatives à l’emploi.
« Parce qu’on est à Chenôve ou parce que nous sommes encore jeunes, les entreprises n’osent pas. Le fait qu’une autre ETTP existe, une antenne d’une entreprise lyonnaise qui possède déjà son réseau, montre toutefois qu’il y a de nouvelles solutions. » Soutenue par France Active et accompagnée par BGE, la jeune entreprise affiche une conviction et une motivation sans borne pour mettre le travail à temps partagé au service des habitants de la Métropole et des entreprises du territoire.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert