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Entreprises artisanales : une rentrée sous le signe de l’optimisme et de la vigilance

Un an et demi après le début de la crise sanitaire, les artisans commencent à voir le bout du tunnel. Près de huit professionnels sur 10 estiment que leur activité va se stabiliser, voire s’améliorer, dans les six prochains mois. Pour autant, certains métiers restent en tension, confrontés à une pénurie de main d’oeuvre qualifiée.


La reprise s’amorce aussi pour les artisans. Malgré la pénurie de main d’œuvre et la hausse du coût des matières premières, ces derniers semblent avoir retrouvé le moral et se montrent prêts à dépasser les répercussions liées à la pandémie.C’est ce qui ressort d’ une étude Qualitest réalisée par CMA France, le réseau national des chambres des métiers et de l’artisanat. Portant sur l’état de santé économique des entreprises artisanales, celle-ci a été menée du 22 juillet au 23 août auprès de 2 083 artisans.

Un secteur résilient

À la fin de la saison estivale, les indicateurs de l’artisanat sont positifs, mais le secteur reste toutefois vigilant. Dans ce sens, environ 36% des artisans interrogés jugent leur situation économique bonne ou excellente, soit +7,3 points comparé à mai 2021. Mais les situations divergent selon le secteur d’activité : l’alimentation, les services et la fabrication se portent généralement bien et se projettent dans l’avenir, tandis que la situation du bâtiment demeure fragile.

Confirmant la résilience du secteur, et grâce aux différentes mesures de soutien mises en place par le gouvernement, le nombre de radiations d’entreprises artisanales en 2020 (90 000) est resté inférieur de 5% à 10% par rapport à celles constatés en 2018 et 2019. Mais la tendance commence à s’inverser, due notamment à un effet de rattrapage : sur le seul premier semestre 2021, l’enquête révèle autant de radiations que pendant toute l’année précédente. Sur la même période, le nombre d’immatriculations d’entreprises a affiché une nette progression comparativement à 2020. Quelque 31 500 entreprises artisanales ont été créées entre janvier et juin 2021.

« Aujourd’hui l’heure est à la relance de notre économie et elle ne se fera pas sans l’artisanat. C’est notre mot d’ordre en cette rentrée. Un certain nombre d’indicateurs sont orientés positivement et c’est aussi ce que nous ressentons très directement sur le terrain, souligne Joël Fourny, président de CMA France. Et le réseau entend bien « faire de l’économie de proximité un pilier de la relance ».

Développement du digital et formation

Les chiffres dévoilés semblent plutôt rassurants. Néanmoins, les CMA font preuve de vigilance. Les entreprises artisanales se retrouvent confrontées à de nouveaux défis. Le numérique se classe en tête de liste : la crise sanitaire a accéléré la prise de conscience sur la nécessité d’intégration des outils digitaux, mais aussi sur l’usage pratique de ces derniers. Le développement durable bénéficie également d’un niveau d’intérêt élevé de la part des artisans qui s’orientent de plus en plus vers la transition écologique.

A cela, s’ajoutent, deux préoccupations majeures : la formation et la transmission du métier aux nouvelles générations. « De nombreux métiers sont en tension, 8 % des entreprises, soit près de 130 000 entreprises sont à reprendre dans les deux prochaines années, une situation qui paralyse le développement de certaines entreprises », argumente CMA France. Pour assurer leur pérennité, un quart des structures artisanales sont prêtes à accueillir, dans les six prochains mois, un ou plusieurs apprentis, principalement dans les secteurs de l’alimentation et du bâtiment. L’objectif étant de pallier le manque de main d’œuvre qualifiée. La prolongation de six mois des aides à l’apprentissage de France relance ( jusqu’au 30 juin 2022), annoncée le 6 septembre, par le Premier ministre, Jean Castex, devrait contribuer à soutenir cette dynamique.

En chiffres

La filière de l’artisanat représente 1,7 million d’entreprises, 3,1 millions d’emplois et 12% du PIB français (CMA France).

Aicha BAGHDAD et B.L