Numérique

Fracture numérique : 15 % des Français frappés d’illectronisme

Certains Français ont toujours du mal à naviguer sur la Toile. Plus de 15% d’entre eux étaient en situation d’illectronisme, en 2021, selon l’Insee. Bien qu’élevée, la fracture numérique se réduit toutefois par rapport à l’année 2019, en lien avec la pandémie et les confinements qui ont boosté l’usage d’Internet.


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A l’ère du tout numérique, et alors que nombre de démarches administratives s’effectuent essentiellement en ligne, nombreux sont encore les Français à peiner devant un ordinateur, à avoir des difficultés à utiliser Internet, pouvant contribuer à leur exclusion sociale. Selon une étude dévoilée en juin dernier par l’Insee, 15,4% des personnes âgées de 15 ans ou plus étaient touchées par illectronisme ou illettrisme numérique, en 2021. Parmi eux, 13,9% n’ont pas utilisé Internet au cours des trois mois précédant l’enquête, souvent par manque de connexion à domicile, tandis que 1,5% l’ont utilisé, mais sans disposer des compétences de base.

Sans surprise, ce sont les seniors qui sont particulièrement confrontés à ce phénomène. Près de 62% des 75 ans sont concernés et un tiers des 60 ans ou plus, contre 2,4% seulement des 15-24 ans. La part des retraités s’élève à 36%. Ces derniers sont principalement d’anciens agriculteurs, commerçants et artisans (51%) et ouvriers (53%) ; 10% seulement étaient auparavant cadres. « Les personnes sans diplôme ont un risque sept fois plus élevé d’être en situation d’illectronisme que les personnes ayant au moins un bac+3 », précise l’Insee.

De même, les personnes de niveau socio-économique modeste sont plus exposés que les plus aisés. La fracture numérique est constatée davantage chez les personnes vivant seules (30%) et les couples sans enfant (20%). « Vivre avec des enfants favoriserait ainsi l’équipement et les compétences numériques », explique l’Insee.

Des inégalités face au numérique

Plus en détail, l’Institut de statistique souligne qu’environ 28% des utilisateurs d’Internet ont « des capacités numériques faibles » et ne maîtrisent pas au moins une des cinq compétences de base (recherche d’informations, communication en ligne, utilisation de logiciels, protection de la vie privée et résolution de problèmes en ligne). Là encore, ce sont souvent des personnes âgées, moins diplômées, ayant un niveau de vie modeste, sans activité et vivant seules ou en couple sans enfant.

Si la communication via Internet est la mieux maîtrisée, la protection de la vie privée est la plus négligée : en 2021, plus de 20% des internautes ne protègent pas leurs données en ligne. Dans le détail, 76% ne lisent pas la politique de confidentialité des sites consultés, 68% ne modifient pas les paramètres de leur navigateur Internet pour limiter ou interdire les cookies et 63 % n'ont pas limité l’accès à leur profil et au contenu qu'ils ont posté sur les réseaux sociaux.

D’autre part, 18% des usagers peinent à utiliser les logiciels, 11% ne savent pas comment obtenir des informations en ligne et 3% n’arrivent pas à échanger sur les médias numériques.

A l’inverse, 28% des Français sont très à l’aise avec le web et possèdent des compétences avancées dans ce domaine. Ces internautes aguerris sont souvent jeunes : 45% des 15-39 ans, contre 10% des 60 ans ou plus. Ces « technophiles », aisés et plus diplômés, sont, plus nombreux (96%) à utiliser un logiciel de traitement de texte, contre 64% de l’ensemble des usagers, 93% d’entre eux ne permettent pas l’accès à leur position géographique, et presque la même proportion refusent l'usage de leurs données personnelles dans un but publicitaire (contre, en moyenne, 59 % des internautes).

L’illectronisme s’atténue depuis 2019

Point positif, la crise sanitaire a joué un rôle d’accélérateur : avec les confinements et le télétravail, les pratiques virtuelles se sont intensifiées, essentiellement l’utilisation des logiciels, la recherche d’informations et les appels téléphoniques via Internet. Conséquence : entre 2019 et 2021, le niveau d’illectronisme a enregistré un recul de trois points. Et la fracture entre générations a tendance à se résorber : -8 points de recul pour les personnes de 75 ans ou plus et -6 points pour les 60-74 ans. Néanmoins, cette tendance a aussi contribué au renforcement des inégalités entre les plus et les moins favorisés, note l’Insee. En 2021, les personnes les plus vulnérables ont 6,5 fois plus de risque d’illectronisme que les plus aisés, contre 4,2 fois en 2019.

AÏcha BAGHDAD et B.L