Consommation
Habitudes d’achats des Français : les grandes tendances en 2023
Selon l’édition 2023 du baromètre Digital & Payments de l’Observatoire BPCE, les Français ont cherché à optimiser leur pouvoir d’achat l’an passé... pour ne pas avoir à se priver des achats qui leur font plaisir.
« En 2023, nous constatons une certaine morosité de la consommation, dans un contexte inflationniste. Les Français adoptent des stratégies ‘bons plans’, et la tendance ‘hédoniste’ déjà observée en 2022, avec des achats pour se faire plaisir, se poursuit », a résumé Myriam Dassa, directrice du baromètre Digital & Payments de l’Observatoire du groupe bancaire BPCE, lors de la présentation à la presse de l’édition 2023 de cette étude qui s’appuie sur les données anonymisées de 20 millions de cartes bancaires – soit une carte sur cinq en France.
Si la carte bancaire est de plus en plus utilisée par les Français, il ressort de cette étude que le montant des dépenses réglées via ce moyen de paiement n’a augmenté que de 3,6% en 2023, contre 6,3% en 2022. « On observe un fléchissement de la consommation dans les secteurs où les achats peuvent être différés », a-t-elle expliqué. Les Français sont par ailleurs de plus en plus nombreux à adopter des « stratégies bon plan » pour préserver leur pouvoir d’achat.
Le discount, les achats de seconde main et le reconditionné gagnent du terrain
Ainsi, les dépenses dans le secteur du discount, qui avaient déjà augmenté de 18% en 2022, ont enregistré une nouvelle hausse de 21% l’an passé, et le nombre de nouveaux consommateurs a crû de 14%, avec davantage de clients CSP+. « Ce secteur séduit de plus en plus de Français et il en train de les fidéliser. » Quant aux dépenses pour des produits de seconde main, elles ont enregistré une hausse de 33% en 2023, après une croissance de 15% en 2022, pour les achats liés à la mode (habillement, accessoires…), et celles pour des produits électroniques reconditionnés ont augmenté de 14% (vs 8% en 2022). À noter que, pour la mode de seconde main comme pour les produits reconditionnés, « on observe une nette augmentation des dépenses chez les plus de 54 ans », une catégorie de la population qui était moins représentée sur ce créneau jusqu’à présent. Pendant le Black Friday, les dépenses ont crû de 38% l’an passé par rapport à 2022, et « ce sont les 18-24 ans qui ont tiré la consommation », pendant cette période de ventes à prix cassés.
Les achats « plaisir » résistent dans un contexte de consommation morose
« L’objectif des Français est d’optimiser leur pouvoir d’achat pour pouvoir continuer à se faire plaisir », a poursuivi la directrice du baromètre. L’an passé, les dépenses dans les cinémas ont augmenté de 24% par rapport à 2022 et retrouvé un niveau supérieur à celui de 2019, ce qui marque « un tournant pour le cinéma », après la crise sanitaire. Les dépenses dans la restauration rapide ont progressé de 14% par rapport à 2022, et celles effectuées sur les sites de rencontre de 12%. « Les sites de rencontre sont en pleine explosion depuis 2019. » La catégorie des ouvriers y est surreprésentée et, en 2023, celle des plus de 54 ans a enregistré une hausse de 24%. « C’est une pratique qui se généralise dans les différentes classes d’âge et catégories socio-professionnelles. »
En parallèle, les dépenses dans le secteur des voyages (hôtels, vols, agences de voyage…) ont crû de 15%, l’an dernier. Sans surprise, on observe « une surreprésentation des cadres et des CSP+ » dans ce type d’achats. Du côté des jeux vidéo, la hausse des dépenses a atteint 26% en 2023, une tendance qui se révèle « encore plus forte dans la catégorie des personnes sans emploi, dont les étudiants ». Enfin, les dépenses dans le secteur de la cosmétique affichent une hausse de 13% en 2023, avec « un fort effet de saisonnalité : un achat sur six n’est réalisé qu’au mois de décembre ».
L’effet Coupe du monde de rugby
Cette édition du baromètre s’est aussi interrogée sur les retombées économiques de la Coupe du monde de rugby, organisée en France en septembre et octobre derniers. En comparant les dépenses effectuées en France, pendant ces deux mois en 2023 et 2022, on constate que ces dernières ont enregistré un bond de 152% dans le domaine des activités culturelles et touristiques, une hausse de 16% dans les bars et de 15% dans les boulangeries. Pendant cette même période, les dépenses ont notamment augmenté de 37% à Saint-Étienne et de 20% à Marseille. « On a constaté un afflux exceptionnel de touristes, notamment étrangers », et des retombées économiques « dans des zones autres que celles qui ont l’habitude de recevoir des touristes », à commencer par « les villes qui ont accueilli les matchs ».