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IA générative : comment bien formuler ses requêtes ou ‘prompts’

Comment améliorer ses requêtes ou ‘prompts’ pour interroger efficacement une IA générative ? Quelles formulations éviter ? Faut-il les enchaîner ou non ? Le risque d’incompréhension existe comme celui de biais ou d’« hallucinations ». Les confusions, et donc erreurs sont toujours possibles.


© Adobe Stock
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Tout un chacun se prend vite au jeu en interrogeant des ‘chats’ d’intelligence artificielle comme Le Chat (du français MistralAI ) ou le très couru ChatGPT ou encore Grok, Gemini… Au fil des mois, ces plateformes apprennent très vite et s’enrichissent de données de plus en plus récentes ; les réponses apparaissent de plus en plus pertinentes, en phase avec l’actualité.

Le revers étant que les mêmes informations - parfois inexactes voire manipulées - peuvent ressortir un peu partout.

Pour rappel, un moteur d’IA générative ne réfléchit pas, ne raisonne pas. Il procède par rapprochements de mots de façon probabiliste ; il construit des phrases à partir de milliards de combinaison de ‘tokens’ ou jetons (qui constituent les mots - un jeton, statistiquement, correspondant, grosso modo, à deux syllabes, ou 75% d’un mot).
Des IA génératives peuvent aussi construire des tableaux, et certaines sont cantonnées dans les images fixes ou animées.

Etre clair, précis et concis

Pour gagner en pertinence dans les réponses, il faut être clair, précis et concis dans la façon de formuler son ‘prompt’. Sauf si l’on est devenu un as en la matière, il est recommandé de prérédiger sa ou ses questions au brouillon. Certes, si l’on se donne du temps, il est toujours possible d’entrer plus avant dans le sujet, à partir des réponses obtenues, en apportant même des objections ou demandes de confirmation. Et donc d’enchaîner des questions de plus en plus précises (et non pas : « Dis-moi tout sur la voiture électrique »).

Tant que l’on reste dans le même sujet de conversation avec l’IA, les réponses peuvent s’enchaîner logiquement, en cascade, en avançant plus profondément dans la thématique, en cherchant des failles, mentionnant des lacunes, en corrigeant l’axe de la recherche, etc. Après une interruption longue (plusieurs minutes), il est conseillé de relancer par une formule comme : « En restant sur [tel sujet] ou « Pour continuer sur… ». Puis on peut terminer par : « Résume les points essentiels en tant de mots ou caractères, en reprenant les dates, chiffres clés, etc. ».

Si l’on n’est pas expert du sujet, il est recommandé de recouper les informations obtenues pour en valider la fraîcheur et la véracité. Et donc on demande à l’IA au moins deux ou trois « sources officielles », « administratives » ou « médias de source sûre, spécialisés » ou études d’experts. Et dans le doute on vérifiera en lisant les sources ou en interrogeant un spécialiste du sujet. L’IA n’est pas infaillible ; elle peut amalgamer des données : par exemple, mentionner quatre filiales d’un groupe, alors qu’il n’y en a que trois, l’une d’elles ayant changé de nom… Elle peut produire des « hallucinations » à partir d’une confusion de termes ou de noms propres (personnes, localités, etc.). Certains préconisent de spécifier systématiquement à chaque prompt : « N’invente pas. Donne tes sources ». On sait aussi que les IA ont tendances à flatter celui qui les interroge, à abonder dans le sens de questions qui peuvent être « orientées » ou biaisées (politiquement, etc.).

Spécifier la cible et le style

Dès le premier ‘prompt’, il faut éviter des formulations alambiquées ; on s’en tient donc à des phrases courtes, explicites, concises. On spécifie le contexte, le pays ou marché concerné, et on précise à qui, à quel public s’adresse le texte ou le document (niveau de lecture) et dans quel domaine, dans quel cadre, à quelle date, période ou époque (« Pour un dirigeant, un responsable marketing, un citoyen lambda, pour un connaisseur du domaine, pour un élu », etc.). On précisera de quoi il s’agit : une correspondance, un e-mail, un exposé, une présentation orale, un plan d’action, une note technique, une synthèse de tant de lignes, avec, en complément, des exemples ou cas de figure, une liste, un tableau « pour et contre », etc.

Il est également bienvenu de spécifier un style (langage courant ou langage soutenu, littéraire, administratif ou journalistique, humoristique ou satirique…). On peut fournir des détails, un document ou échantillon ou extrait de référence, qui peut être un tableau, une liste, etc. On peut formuler : « Donne une définition simple du concept … » ou, au contraire, « une définition détaillée avec dimension historique ou scientifique... ». Ou encore : « Compare les solutions de … en donnant les noms, positionnement des fournisseurs, leurs références clients en Ile-de-France, avec une évaluation dans un tableau de synthèse ». Ne pas hésiter à borner ses questions, en donnant des limites (telle région, telle date ou période).

Plus le ‘prompt’ est long, plus la réponse pourra être longue. Mais au-delà de 200 mots, on risque la confusion, en mêlant plusieurs sujets avec trop de questions divergentes. Mieux vaut avancer par étapes, par ‘prompts’ successifs. Si l’on veut éviter de se fourvoyer sur une fausse piste ou « hallucination », et s’il s’agit de parvenir à une analyse fouillée, on pourra procéder à une vérification par les sources (véracité, date).

Il est recommandé de spécifier la longueur souhaitée et une structuration particulière (introduction de n lignes, une conclusion polie, engageante… etc.). En préalable, on peut demander à l’IA de fournir un plan détaillé.

Certains habitués devenus inconditionnels préparent leurs ‘prompts’ selon un modèle type : « Peux-tu me fournir [type de contenu attendu] sur [sujet] destiné à [public cible ou contexte], en te basant sur [période, secteur ou critères]. Ta réponse sera sous forme de [format souhaité] et qu’elle inclura [contraintes ou éléments spécifiques demandés]. Recherche tes données sur [telles sources]. N’invente pas. Dis-moi s’il y a incompréhension ».

Tout cela pris en compte, on risque fort de céder un peu plus à la dimension ludique des IA génératives. On n’oubliera pas la sobriété numérique : un moteur d’IA consomme cinq à 10 fois plus de ressources informatiques qu’un simple moteur de recherche… Il est vrai qu’il en fait plus !

Pierre Mangin