La Cité de la Voix à l’unisson de l’art vocal de la grande région
La Cité de la Voix fédère trois structures dédiées à l’art vocal, à Vézelay, Besançon et Dijon. La création de l’établissement culturel illustre un rapprochement réussi entre Bourgogne et Franche-Comté.
Qu’on n’imagine pas les Bourguignons et les Francs-Comtois taiseux. Ils donnent, au contraire, de la voix, et s’illustrent même, nationalement, par une pratique de l’art vocal largement partagée. Pour les seules pratiques amateurs, on dénombre ainsi pas moins de 1 200 chœurs, chorales et ensembles vocaux, 40 000 chanteurs qui répètent chaque semaine et 5 000 concerts par an dans la région. À ce pan grand public s’ajoute tout un monde professionnel, qui là aussi a pu bénéficier d’un climat particulièrement favorable, et d’une forme d’unanimité politique.
Bref historique
Ainsi, Jean-Pierre Soisson, alors président de la région Bourgogne, a-t-il choisi d’investir, à l’entrée dans le nouveau millénaire, dans la création d’un centre d’art vocal, implanté au cœur du célèbre village de Vézelay. L’endroit, dans l’ombre de la basilique Sainte-Marie-Madeleine, accueillera des artistes en résidence, et sera aussi lieu de diffusion, notamment à travers les Rencontres Musicales de Vézelay. En 2015, c’est François Patriat, successeur de Soisson, qui décide de transformer la structure en établissement public, donnant naissance à la Cité de la Voix. Et en début d’année, celle-ci dévoile, sous l’égide de Marie-Guite Dufay, qui a pris la suite de Patriat, un projet d’établissement, où est entérinée la fusion de la Cité de la Voix et des deux missions voix de Besançon et Dijon. « Cette fusion est l’aboutissement du travail de trois années, pour constituer un pôle d’art vocal d’envergure nationale à partir des structures des deux anciennes régions, Bourgogne et Franche-Comté, et autour de la Cité de la Voix de Vézelay », éclaircit François Delagoutte, le Directeur général de la Cité de la Voix.
Parler de projet avant d’évoquer l’organigramme
S’inscrivant dans le cadre du rapprochement de la Bourgogne et la Franche-Comté, réunies dans la grande région Bourgogne-Franche-Comté, cette fusion témoigne des potentialités et des difficultés du processus de fusion. S’il est couronné de succès, il permet de changer de braquet, et de réfléchir à plus vaste échelle, voire d’envisager, à terme, quelques économies. Sinon, il risque simplement d’être un peu de sel déposé sur des plaies toujours à vif. En témoigne l’échec du projet de rapprochement des deux Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC) de Bourgogne et Franche-Comté, qui a avorté, l’an dernier, après le refus frontal de la Bourgogne de fusionner avec son homologue, jugée trop éloignée de la cohérence artistique bourguignonne.
L’exemple a sans doute fait réfléchir François Delagoutte, qui a adopté une méthode tout en douceur pour faire accepter son projet. « Je ne vous dirai pas que ça a été sans difficulté, mais nous avons choisi de parler de projet, avant tout. Avant d’évoquer les moyens, avant de discuter de l’organigramme », décrit-il. Une fois le projet établi, en concertation avec Besançon et Dijon, il a été plus simple de composer une organisation qui tienne compte à la fois des missions, et des spécificités de chaque lieu. Ainsi, le cœur du réacteur demeure-t-il à Vézelay, qui accueille 200 artistes en résidence par an, et hérite de l’administration de la Cité de la Voix, tandis que Dijon héberge le centre de ressources, et ses précieuses 50 000 partitions, et que Besançon se destine plus à l’éducation à la pratique vocale, notamment en direction des écoles. Le nouvel établissement conserve un périmètre budgétaire constant comparé à celui des trois anciennes structures, de 1,8 million d’euros, ainsi qu’un personnel à 15 équivalents temps plein. « Maintenant, tout l’enjeu est de faire vivre notre Cité de la Voix, pour qu’elle prenne place dans le cœur du public », conclut François Delagoutte.
Aletheia Press, Arnaud Morel