La Faïencerie de Charolles : l’art de l’artisanat
Véritable élément du patrimoine local, la Faïencerie de Charolles continue à faire sa place dans l’univers de la décoration haut de gamme. Son savoir-faire artisanal lui vaut notamment d’être labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant.
En 1884, quand Hippolyte Prost, enfant du pays, a repris l’atelier de poterie de son père, il n’imaginait sans doute pas que plus de 150 ans plus tard, son entreprise continuerait à réaliser des faïences. Revendue à plusieurs reprises, la Faïencerie de Charolles traverse le temps. Des déboires et de la crise qu’elle traverse en 1935 jusqu’au virage vers le haut de gamme qu’elle prend à la fin des années 90, la faïencerie perdure, se renouvelle tout en conservant son savoir-faire artisanal. Autant de qualités qui ont séduit Cyrille Frappé qui a repris l’entreprise historique en 2019.
« Cet industriel du secteur du conditionnement avait notamment en charge l’emballage des pièces de la faïencerie. Il est tombé amoureux de la manufacture et a sollicité mon agence de design pour l’aider à mieux appréhender la dimension artistique et l’univers du meuble, de la décoration et avoir un œil sur les tendances » détaille Aurélie Richard, qui remplit la mission de directrice artistique de la faïencerie. Labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2016, la manufacture reconduit actuellement son label misant largement sur sa production à taille humaine.
Des mains en or pour la faïence
Les douze salariés de la Faïencerie de Charolles contribuent largement à inscrire les éléments produits dans le haut de gamme de la décoration. « La réussite des pièces repose sur le savoir-faire de nos équipes qui s’avèrent plus être des artisans que des opérateurs, car tout est fait à la main. » Aurélie Richard souligne ainsi les compétences du modeleur qui réalise les moules, de la personne en charge du coulage qui va définir les temps de séchage en fonction de chaque pièce et de l’épaisseur souhaitée pour aboutir au meilleur rendu.
« Il y a ensuite l’étape de l’ébavurage pour lisser la pièce, vérifier son axe et la parfaire avant la cuisson. » Puis le four de cuisson de faïence demande lui aussi un savoir-faire spécifique car les artisans conçoivent l’intérieur de l’appareil. « On enchaine avec l’émaillage à la couleur. Chaque projet repose sur une couleur spécifique, propre à notre faïencerie. Je travaille alors avec notre coloriste qui va réaliser les bains adéquats mais aussi peindre les décors à la main. » Le processus ne relevant d’aucune mécanique ou standardisation, les pièces d’une même collection sont à la fois identiques et uniques. « Chaque pièce passe entre plusieurs mains ce qui donne à chacune des détails propres. » Ce travail se fait dans la durée et demande de laisser au matériau le temps dont il a besoin. « Le pichet, notre pièce la plus simple, nécessite deux semaines en raison de la lenteur du séchage. »
Repenser pour perdurer
Vases, tables, pichets, coupes de centre de table mais aussi tables et luminaires voient ainsi le jour dans les ateliers de la faïencerie de Charolles avant de rejoindre des boutiques de décoration mais aussi des magasins de meubles. Les plus grosses pièces de faïence, déclinables en couleur, contribuent ainsi à créer une ambiance. « Depuis deux ans, j’essaie de réintroduire des pièces historiques de la manufacture pour se ressaisir de ce patrimoine, utiliser les outils à notre disposition tout en modernisant le produit. » Chaque année, Aurélie Richard et la Faïencerie de Charolles travaillent autour d’un thème. Après des évocations primitives, la collection Deep Botanic fait la part belle à la nature, aux ambiances chromatiques, vives ou éclatantes.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert