La start-up Crossject part à la conquête de l’Ouest
La start-up dijonnaise Crossject a signé un contrat à hauteur de 155 millions de dollars avec les Etats-Unis. Les 800 000 doses commandées permettront aux américains de s’appuyer sur la technologie Zeneo d’injection sans piqure dans le cadre de leur sécurité nationale.
« Nous avons d’abord été identifié par le département de la Défense américaine dans le cadre d’une veille technologique » raconte Patrick Alexandre, fondateur et président du directoire de Crossject. Après être venue visiter l’entreprise, une délégation a pu tester le système développé par la start-up, un injecteur de médicament sans aiguille. Convaincue du principe, elle n’a pas hésité à mettre en relation la société dijonnaise et la BARDA, l'Autorité pour la Recherche et Développement Avancée dans le Biomédical américaine.
« L’organisme lançait un appel d’offre. Pour y répondre, nous nous sommes entourés d’une équipe américaine et nous avons bossé dur sur ce dossier. Nous avons rendu un premier jet qui ne faisait pas moins de 300 pages pour présenter ce que nous étions capables de faire. » Des mois durant, Crossject a joué le jeu des questions-réponses et mobilisé ses équipes françaises et américaines sur le dossier avant la signature définitive mi-juin 2022.
Epilepsie et attaque terroriste
De son côté, l’autorité américaine cherchait à se fournir en Midazolam. « Ce médicament utilisé dans les crises d’épilepsie peut aussi être injecté en dose de secours aux personnes soumises à un gaz neurotoxique dans le cas d’une attaque terroriste par exemple. » La présence de convulsions encourage les américains à rechercher un dispositif sans aiguille, justement la spécialité de Crossject grâce à son système Zénéo. Les Etats-Unis ont finalement décidé de commander 800 000 doses auprès de l’entreprise dijonnaise pour un montant global de 155 millions d’euros et leur sécurité intérieure.
« Cela intègre une première commande ferme de 60 millions d’euros pour 400 000 doses, ainsi que 30 millions d’euros pour adapter notre solution aux normes américaines. » Désormais, Crossject est lancé dans les rouages administratifs, attendant le feu vert de l’agence du médicament américaine auprès de qui la BARDA a demandé une procédure accélérée pour raison de sécurité nationale. « Nous fournirons les éléments attendus d’ici la fin de l’année notamment grâce à une étude clinique en cours. La production pourrait se faire en 2023. »
D’autres marchés à conquérir
Cette annonce devrait par ailleurs avoir une incidence sur les sollicitations en Europe, notamment depuis la mise en place de l’HERA, le pendant européen de la BARDA. Les pharmacies allemandes et anglaises pourraient quant à elles commercialiser Zénéo en 2024, puis plus tard en France où les procédures administratives se veulent plus longues. « Outre l’épilepsie, nous avons six autres médicaments dans notre portefeuille et nous cherchons à étendre le nombre de distributeurs pour chacun. » En pleine ascension, Crossject prévoit toujours de générer plus de 200 emplois d’ici trois à cinq ans.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert