Le barbecue, icône domestique du XXIe siècle ?
Accessoire indispensable de l'idéal de vie en maison individuelle, le barbecue est devenu un véritable phénomène sociétal et aussi... Un marché dynamique à la segmentation croissante.
« Pour une première édition, l'audience était exceptionnelle ! », se réjouit Clément Champault, co-fondateur de JPC Events, spécialiste de l'événementiel. Du 18 au 20 mars à Paris, il organisait enfin la première édition de Barbecue Expo, plusieurs fois reportée en raison de la pandémie. L'événement a accueilli quelque 10 000 visiteurs et 120 exposants de plusieurs nationalités…
De fait, cet engouement témoigne d'un phénomène sociétal déjà bien enraciné qui s'accompagne aussi du développement d'un marché à la segmentation toujours plus fine. Car, en France, le barbecue fait partie des « must » de l'équipement de la maison individuelle, laquelle constitue un véritable « idéal résidentiel », très largement partagé dans notre société, décrit Jérôme Fourquet, dans son ouvrage « La France sous nos yeux » (Seuil). Pour lui, le barbecue représente un « objet emblématique de la culture d'extérieur en maison individuelle (…). Au cours des dernières décennies, l’engouement de nos compatriotes pour le barbecue ne s'est pas démenti. Cette pratique culinaire d'origine américaine a été totalement intégrée au mode de vie tricolore », explique le sociologue. Les Français ont adapté l'usage de cet équipement, jusqu'à le faire tutoyer la gastronomie : dans le cadre de Barbecue Expo, lors d’un « cooking show », des candidats de l’émission télé Top Chef, parmi lesquels Jarvis Scott et Wilfried Romain, se sont succédé derrière des planchas pour réaliser des démos ...
Des objets ultra design
Sur les stands du salon, la tendance à la segmentation du marché s'est matérialisée par la présentation d'une offre très diverse de barbecues. Au gaz, au charbon, électrique ou même aux granules de bois (pellets). … Et avec des prix qui peuvent varier de quelques dizaines à plus d'un millier d'euros. « Des tendances très différentes se développent. L'une d'elle, qui vient des Etats-Unis, ce sont les barbecues ‘smoker’, à cuisson lente. Une autre, plus française, est représentée par les braseros plancha. Il s'agit de produits très esthétiques, à la frontière avec l'aménagement d'extérieur. Autre tendance encore, celle de l'électronisation des barbecues », décrit Clément Champault. Dans certains cas, la sophistication peut aller loin : contrôle électronique de la température, panneau de commandes digital, pièces qui peuvent passer au lave-vaisselle, poignée froide à isolation thermique, design originaux et recherchés... Et si les marques américaines demeurent incontournables (Weber, Traeger), des entreprises françaises (Le Marquier) bénéficient aussi de cet engouement qui ne fait que croître. En effet, « les Français achètent près de deux millions de pièces environ, chaque année, depuis trois à cinq ans, avec une tendance à choisir des modèles plus haut de gamme », observe l'institut d'études GfK, d'après le quotidien économique Les Échos du 19 mars dernier. Au total, le secteur représente 174 millions d'euros de chiffre d’affaires en France en 2021, soit 10,2% de plus que l'année précédente. Pour Clément Champault, « le marché du barbecue n'est pas encore mature ». Aujourd'hui, selon l’institut BVA, 63 % des Français en possèdent un.