Le mentorat entrepreneurial accompagne les agriculteurs de Saône-et-Loire

© chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire Bernard Lacour, président de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire
© chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire Bernard Lacour, président de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire

La chambre d’Agriculture expérimente, depuis deux ans, un dispositif de mentorat entrepreneurial dont les mentors sont des chefs d’entreprises non-agricoles. L’objectif est d’aider les agriculteurs à mieux se positionner sur leurs marchés, à améliorer leur gestion ou à prendre des décisions stratégiques.

Depuis déjà deux ans, la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire expérimente, avec le soutien du conseil Départemental, un dispositif inédit dans le monde agricole : du mentorat entrepreneurial. L’idée est de recruter des chefs d’entreprises, en activité, qui ne travaillent pas dans le domaine agricole, et de les faire échanger avec un agriculteur, en demande d’aide, de conseils, ou simplement d’un interlocuteur attentif. « Nous sommes partis des difficultés morales que vivent nos professions agricoles. Au-delà des dispositifs d’aide, nous avons souhaité aller plus loin avec le mentorat, qui vise un autre public. Celui des agriculteurs qui se posent des questions sur leur avenir, ou qui ont besoin d’échanger avec d’autres chefs d’entreprises, pour prendre du recul », décrit Bernard Lacour, président de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire. Le mentor, bénévole, rencontre son mentoré environ une fois par mois.

Des interrogations variées

Le dispositif est ouvert à tous les agriculteurs et viticulteurs, sans condition particulière. Comme il ne répond pas à une problématique spécifique, mais vise, au contraire, à prendre de la distance et du recul, ses résultats sont délicats à quantifier. « Le mentorat est une approche spécifique, qui privilégie le dialogue informel entre pairs. Nos mentorés cherchent souvent à clarifier une situation, ou à peaufiner une approche de marché. Nous avons eu, par exemple, un éleveur caprin, qui songeait à augmenter la taille de son exploitation, pour étendre son réseau de distribution. Il s’interrogeait sur l’opportunité réelle devant lui. Nous avons eu également des jeunes qui hésitaient à reprendre une exploitation familiale, ou un couple dont le conjoint songeait à abandonner son travail extérieur pour rejoindre à 100 % l’exploitation », raconte Rose Lienhardt, en charge du mentorat. L’expérience est en tout cas jugée positive par les participants. « Ils retirent la satisfaction d’une relation humaine de confiance, sans jugement. Chacun ose parler de son expérience, voire de sa vie personnelle ce qui, on le sait, est souvent difficile dans le monde agricole », poursuit-elle.

La Chambre compte poursuivre ce projet, mais recherche activement des mentorés. Pour l’heure, ceux-ci ont été recrutés directement, à travers les réseaux individuels, sans aucune candidature spontanée. Elle cherche également des mentors, pour rejoindre la dizaine qui officie déjà. « Nous avons un vrai échantillon de diversité : assureur, responsable de travaux publics, avocate, informaticien, gérante en usine mécanique, éditeur de logiciel… Leurs motivations sont variées également. Certains viennent du fait de racines familiales agricoles, d’autres simplement pour partager leur expérience. Certains par pure curiosité », témoigne Rose Lienhardt.

Pour Aletheia Press, Arnaud Morel