Le recyclage automobile, une réussite sur toute la ligne
Autrefois pointées du doigt, les anciennes casses sont devenues des actrices incontournables de la transition environnementale autour des automobiles. Entre Tournus et Saint-Marcel, Jérôme Desmarais recycle et valorise plus de 95% d’un véhicule.
Entre 3 000 et 5 000 voitures finissent leur vie chez TDA à Tournus ou SMAP à Saint-Marcel. « Il s’agit de reprises constructeur, de véhicules de particuliers, de voitures d’Etat réformées ou encore de véhicules accidentés non-réparables » détaille Jérôme Desmarais, dirigeant des deux structures. La prise en charge des véhicules s’inscrit dans une série d’étapes qui garantissent un excellent taux de recyclage et de revalorisation. « On commence par la dépollution en enlevant tous les polluants comme les pneus, l’huile, le liquide de freins, les carburants ou les pièces contenant des matières dangereuses comme les airbags », détaille le dirigeant. Ces éléments rejoignent ensuite une filière spécifique pour laquelle l’entreprise paie pour le retraitement de ces matières. S’en suit le démontage qui participe de la rémunération de l’activité avec la revente. 70 % des pièces détachées trouvent preneur grâce au e-commerce contre 30 % avant le Covid. « Nous avons également la vente dans les magasins sur chacun de nos sites. Les professionnels représentent 70 % de ces ventes en direct tandis que la proportion avec les particuliers s’inverse en ligne », ajoute l’entrepreneur.
Recyclage performant
TDA et SMAP poursuivent ensuite en traitant les parties plastiques, en fonte, en aluminium… Enfin, la carcasse restante rejoint le site d’un broyeur qui a lui aussi la charge de retrier. « La norme nous impose de recycler ou de revaloriser 95 % d’un véhicule. Nous atteignons 96 % », se félicite Jérôme Desmarais. 30 salariés, répartis sur les deux sites, œuvrent tout au long du processus et contribuent à afficher un chiffre d’affaires de cinq millions d’euros. Depuis les années 60, l’activité du recyclage automobile s’est transformée, accueillant de plus en plus de femmes et bénéficiant d’une image revalorisée. « Avant, on traitait de pauvres ceux qui achetaient d’occasion tandis qu’aujourd’hui, ça relève presque d’un acte militant. Le recyclage automobile n’est pas une découverte, il est éprouvé depuis longtemps », constate le dirigeant de TDA.
De nouveaux défis
Pourtant, le secteur connait certaines mutations. À partir de 2035, la commercialisation des véhicules thermiques sera interdite en France. « Le parc moyen a 11 ans et l’âge moyen des voitures détruites est de 19 ans. Nous avons donc encore 10 ou 15 ans de travail et de besoin en pièces puisqu’il faudra entretenir le parc. » Jérôme Desmarais y voit également une échéance qui reste, pour l’heure théorique. L’autre défi qui attend le secteur concerne le recyclage des véhicules électriques et hybrides. « C’est une contrainte nouvelle sur nos parcs. Nous formons le personnel aux risques nouveaux », assure l’entrepreneur. La loi AGEC représente le dernier point de changement auquel s’intéresse TDA et SMAP. « Chaque filière doit organiser la fin de vie de ses produits. Notre filière est déjà opérationnelle mais doit répondre à un niveau d’exigence accrue », conclut Jérôme Desmarais.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert