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Législatives : le monde économique suspend son souffle

A l’issue du premier tour des élections législatives, le monde économique est loin d'être rassuré. L'instabilité politique perdure et les résultats du second tour, encore incertain, pourraient déterminer des politiques économiques très différentes.




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Ce lundi matin 1er juillet, lendemain du premier tour des élections législatives en France, la bourse de Paris a ouvert en hausse : + 2,59%, contre -6, 42% en juin, la pire performance mensuelle depuis deux ans. D'après Alexandre Baredez, chef analyste d'IG France, cité par l'AFP, «il n'y a pas eu de surprise et le marché avait déjà ajusté ses niveaux avant les élections ». Ces dernières, que l'ensemble des commentateurs s'accordent à qualifier d'historiques, ont vu le RN, Rassemblement National arriver en tête des suffrages avec 33,15% des voix (et 39 députés élus dès le premier tour). Le NFP, Nouveau Front Populaire a atteint 27,99%. Le camp présidentiel, 20,83%.

Pour l'instant, les hypothèses redoutées par les milieux d'affaires – majorité absolue pour le RN ou le NFP, aux programmes jugés comme non crédibles sur le plan économique - ne se sont donc pas confirmées. Toutefois, « le second tour reste à construire. Le second tour est incertain », commentait Jérôme Jaffré, directeur du Cecop, Centre d’études et de connaissance sur l’opinion publique, sur la chaîne info LCI, le 30 juin au soir. L'analyste chevronné s'est bien gardé de donner une prévision sur la composition future de l'Assemblée Nationale, tant cette semaine s'annonce déterminante.

Pour l'instant, les inquiétudes qui agitent les milieux entrepreneuriaux demeurent donc intactes. Par exemple, 35% des dirigeants de PME et de TPE désignaient l'instabilité politique comme leur priorité des prochains mois, selon une enquête menée par la CPME, Confédération des petites et moyennes entreprises, une semaine avant le scrutin. 29% de ces chefs d'entreprises allaient même jusqu'à pointer le maintien de la paix civile !

Les « pires cauchemars » en suspend

Les dirigeants redoutent les conséquences économiques de certains choix politiques pour l'évolution du pays et leurs propres projets. En particulier, près de huit sur 10 d'entre eux considèrent qu'une hausse des dépenses publiques risquerait de conduire le pays à la faillite et à sa mise sous tutelle du FMI (Fonds monétaire international). Par exemple, l'abaissement de l'âge légal de départ à la retraite (proposé par le NFP et le RN, même si la position de ce dernier a beaucoup varié) est jugé « irréaliste » dans l’état actuel des finances publiques : 82% des dirigeants sont hostiles à cette mesure.

Les nombreux « pires cauchemars » des chefs d'entreprises, listés par le le quotidien économique Les Échos du 18 juin demeurent donc encore en suspend. A Paris, les professionnels du tourisme redoutent les conséquences d’éventuelles manifestations ou violences à l'issue du second tour. Les distributeurs craignent les effets de la crise politique sur le moral des Français : elle pourrait impacter leur consommation, notamment en matière de bricolage ou d'alimentaire. L'écosystème économique des énergies renouvelables s'inquiète, lui, d'un coup de frein de leur activité lié à des décisions du RN – lequel avait notamment promis un moratoire sur le développement du solaire et de l'éolien -. En raison de ses projets en matière d'immigration, ce même parti politique préoccupe le secteur du bâtiment, très tributaire de la main d’œuvre étrangère...Selon le sondage de la CPME, 58% des dirigeants indiquent qu'ils reporteront leurs projets d’investissement ou de recrutement dans le cas d’une majorité du Nouveau Front populaire, 36 % en cas de majorité du Rassemblement national et de ses alliés, 12% dans le cas d’une majorité Renaissance et ses alliés. Et la totalité de ces dirigeants, citoyens électeurs parmi les autres, sont aussi confrontés à un choix dont la dimension proprement politique bouleverse le pays.