Agriculture et alimentation

« Les agriculteurs ont fortement besoin qu’on rémunère leurs produits à leur juste valeur »

Emmanuel Macron et Julien Denormandie étaient en visite sur une exploitation d’Etaules (21), ce 23 février. L’occasion de parler de prix rémunérateurs et de protection de l’environnement.

Emmanuel Macron était en Côte d’Or, ce 23 février. (© Le Bien Public / Philippe Bruchot)
Emmanuel Macron était en Côte d’Or, ce 23 février. (© Le Bien Public / Philippe Bruchot)

Pas de visite au salon international de l’agriculture pour Emmanuel Macron cette année en raison de la crise sanitaire. Pour autant, le président de la République souhait montrer qu’il n’oublie pas le monde agricole. Pour preuve sa visite, ce 23 février sur une exploitation d’Etaules, en Côte d’Or, en compagnie de Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.

Valeur ajoutée et contraintes environnementales

Avant de participer à une table ronde sur une meilleure répartition de la valeur entre les différents maillons de la chaîne agro-alimentaire, Emmanuel Macron et Julien Denormandie ont visité la ferme d’Etaules. Une structure qui a su tirer parti de sa proximité avec Dijon (15 minutes). L’exploitation de 400 hectares produit les céréales nécessaires à son cheptel de porcins et de 450 ovins. Un laboratoire permet de transformer puis de vendre en direct dans le magasin de la ferme. Une façon efficace de dégager une véritable valeur ajoutée.

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Malgré l’annulation du Salon de l’Agriculture, le président de la République a pris le temps de se pencher sur les revendications des agriculteurs. (© Le Bien Public / Philippe Bruchot)


Mais, alors que les exploitations investissent pour répondre aux normes environnementales, elles voient bien souvent leurs marges diminuer. « Quand les agriculteurs s’engagent dans une démarche environnementale, il leur faut un véritable bonus significatif », a plaidé Alexandre Estivalet, cogérant de la ferme d’Etaules. Des propos que Florent Point, président des jeunes agriculteurs de Bourgogne Franche Comté a complétés : « Les agriculteurs ont fortement besoin qu’on rémunère leurs produits à leur juste valeur. On a besoin de visibilité, d’engagement de la part de chaque acteur la chaine alimentaire pour pouvoir sécuriser l’alimentation et la sécurisation de la ferme française ».

Un avis partagé par le président de la République qui a rappelé l’importance du monde agricole : « Vous avez nourri le pays dans un moment où nous avons dû tout fermer. » Un secteur appelé à nourrir sainement, protéger l’environnement et assurer la souveraineté alimentaire. « Trois grands objectifs, que nous tiendrons si nous arrivons à réconcilier le consommateur, le producteur, le transformateur et le distributeur ».

« On se fiche du monde quand on fait cela »

Dans ce contexte, Emmanuel Macron a martelé l’importance des organisations de producteurs et de la contractualisation, rappelant que le gouvernement mettrait en place des lois lorsque cela serait nécessaire. Le chef de l’Etat a ensuite fortement regretté que certains continuent à mener une guerre des prix. Une allusion à un distributeur ayant demandé, le matin même, une réduction de 10 % à de producteurs de charcuterie, avec effet rétroactif au 1er octobre. « On se fiche du monde quand on fait cela. » a conclu le chef de l’Etat.

Sur la question de la protection de l’environnement, Emmanuel Macron a résumé, s’adressant directement au monde agricole : « Vous êtes des aménageurs du paysage et de la nature. Ce service doit être reconnu et valorisé. C’est un objectif de notre modèle agricole pour reconquérir de la biodiversité et mieux résister aux aléas climatiques. » Il a conclu en assurant que le gouvernement allait travailler à rendre compatible la loi dite LME, qui assouplit les négociations de prix, souvent au détriment des producteurs, et la loi Egalim - visant à l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole - et une alimentation saine et durable. Une promesse que les agriculteurs n’oublieront pas.

Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont