Les Canalous flottent sur l’hydrogène
Le constructeur de bateaux habitables digoinais a présenté le 28 avril son nouveau bateau propulsé à l'hydrogène.
Depuis plus de 40 ans et à travers trois générations, les Canalous, constructeur – loueur et vendeur de bateaux habitables, innovent et s’inscrivent dans leur époque. Le 28 avril, l’entreprise a présenté son dernier né, un bateau à hydrogène pour renforcer encore sa flotte verte. « Ce qui nous intéressait dans la démarche, c’est de verdire la flotte et de réduire encore notre empreinte carbone » explique Alfred Carignant, troisième génération à la tête des Canalous.
Pour autant, l’entreprise de Digoin n’a pas à rougir du travail déjà mené et de son bilan actuel. « Nous sommes ancrés dans la nature, un acteur du tourisme vert avec des bases de départ dans de petits villages. Mais le verdissement ne doit pas se faire au détriment de l’expérience client. » Parce que le voyage en bateau au fil de l’eau, à la journée ou à la semaine, participe du dépaysement ; les Canalous ne souhaitent pas dénaturer cette expérience par des interruptions prolongées du parcours pour recharger leur embarcation. « Le bateau reste le seul produit qui laisse la liberté de s’arrêter n’importe où là où, par exemple, le camping-car reste contraint par les aires aménagées. »
Le choix de l’hydrogène
Dans cet esprit, l’armateur, loueur de bateaux a travaillé sur un navire fonctionnant à l’hydrogène. « Nous avons fait ce choix car l’électrique dépend des infrastructures, quasi inexistantes et obligeant à faire de longs arrêts. » Alfred Carignant tempère son propos en mettant en avant la navigation que les Canalous opère avec une flotte électrique en Alsace, grâce à des bornes de recharge rapides mises en place par VNF. Le circuit reste cependant une exception.
Un constat qui a donc amené les Canalous à développer au cours des deux ans et demi écoulés, un modèle de bateau fonctionnant grâce à l’hydrogène. « En plus de stopper les bruits, les vibrations ou encore les odeurs, cette énergie présente deux avantages majeurs. D’abord, on pourra avoir une autonomie sur la durée du séjour. On commence à la journée mais nous aurons aussi l’autonomie sur une semaine ou deux sur les versions habitables. » Le dirigeant envisage à plus long terme un second atout. « Si demain on peut produire de l’hydrogène avec de l’eau, on aura la matière première mais il reste des challenges à relever. »
Un bateau après l’autre
Bien que l’entreprise ait pris un an de retard, - préférant prendre son temps sur une technologie nouvelle pour en garantir, notamment la sécurité - elle a pu présenter son nouveau produit le 28 avril. Sur une flotte de 300 bateaux, les Canalous comptent actuellement quatre bateaux hybrides avec de l’électricité ou de l’hydrogène, deux habitables et deux destinés aux sorties à la journée. « Il faut commencer quelque part mais d’ici cinq ans, nous aimerions verdire 20 % de la flotte. » Pour l’heure, l’armateur a travaillé avec des partenaires français tels que H2SYS à Belfort et engagé 200 000 euros d’investissement. « Ce premier projet nécessite beaucoup de R&D, les suivants coûteront moins chers. » Avant de transposer le concept aux bateaux habitables, les Canalous souhaitent avoir les retours de terrain.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert