Conjoncture :
les entreprises de proximité menacées par la crise énergétique
La croissance de l’activité des entreprises de proximité a tendance à ralentir face à la crise énergétique subie de plein fouet par ces petites structures. Seuls 14 % des dirigeants de l’artisanat, du commerce et des professions libérales s’attendent à une hausse cette fin d’année, selon l’U2P qui les représente.
En raison de la flambée des coûts de l’électricité et du gaz, les TPE-PME font face à une véritable précarité énergétique et la situation inquiète les dirigeants. C’est ce que révèle une enquête de conjoncture publiée le 27 Octobre par l’U2P (Union des Entreprises de Proximité), qui représente trois millions d’entreprises. Celle-ci a été réalisée avec l’institut Xerfi Spécific auprès de 7 675 chefs d’entreprise.
Des disparités entre secteurs
Avec notamment les coûts de l’énergie qui explosent, l’étude met en lumière les difficultés des artisans, commerçants et professionnels libéraux, confrontés à une baisse de rythme de leur activité entre juillet et septembre. Selon les résultats dévoilés, la croissance globale des entreprises de proximité se confirme en effet au cours de ce troisième trimestre, mais cette progression « masque cependant de fortes disparités et une tendance au ralentissement, qui risque de se confirmer dans le contexte actuel ».
Après avoir repris le chemin de la croissance, le chiffre d’affaires de l’artisanat, du commerce alimentaire de proximité-HCR (hôtels-cafés-restaurants) et des professions libérales a résisté au cours de ce troisième trimestre, mais à un niveau moins soutenu par rapport à la même période un an auparavant. Tiré par la hausse des prix, ce dernier a progressé de 4%, contre 6,5% au trimestre précédent. Contribuant le plus fortement à cette évolution, l’activité du commerce alimentaire de proximité et de l’hôtellerie-restauration a crû de 7,5%, contre 24 % au second trimestre, au vu du rattrapage post-Covid qui s’amenuise. Elle a progressé également dans l’artisanat, de 5,5%, mais de seulement 1,5% pour les professions libérales.
Des perspectives peu rassurantes
D’autre part, les perspectives sur la santé financière des entreprises pour cette fin d’année ne s’annoncent pas rassurantes. L’enquête de l’U2P souligne que, pour le quatrième trimestre consécutif, les entreprises de proximité sont de plus en plus nombreuses à prévoir une dégradation de leur trésorerie, soit 23% d’entre elles, contre 9% pour celles qui anticipent une amélioration de leur situation. Et les craintes montent, alors que la croissance économique décélère (+0,2 % au troisième trimestre, selon l’Insee) : parmi les entreprises interrogées, seules 14% espèrent une progression de leur activité entre octobre et décembre 2022, tandis que 23% s’attendent à une baisse.
La situation est particulièrement délicate dans le commerce alimentaire de proximité et l’hôtellerie-restauration où l’activité est en recul de 5,6% par rapport au niveau d’avant- pandémie. Au sein de ce secteur, la proportion de dirigeants prévoyant une dégradation de l’activité est supérieure de 32 points par rapport à ceux faisant preuve d’optimisme. De leur côté, les professions libérales marquent un repli de 0,7%. Le seul secteur ayant retrouvé, voire dépassé, son niveau d’avant-crise est celui de l’artisanat, précise l’U2P.
Pour les aider à faire face à la flambée des prix de l’énergie, l’État va accentuer son soutien aux entreprises. Fin octobre, le gouvernement a annoncé des aides à hauteur de 10 milliards d’euros. Particulièrement vulnérables à la crise, les PME vont disposer d’un « amortisseur électricité », à compter du 1er janvier prochain.
.AÏcha BAGHDAD et B.L