Tourisme d’affaires
Les entreprises mettent la pédale douce sur l'événementiel
Dans le contexte économique troublé, les entreprises sont attentives à leurs dépenses d'organisation de séminaires ou réunions. Au delà des contraintes économiques, télétravail et soucis environnementaux contribuent à faire évoluer leurs pratiques.

Le séjour dans un hôtel 5 étoiles pour motiver les salariés n'est pas vraiment à l'ordre du jour. Telles étaient les conclusions de la 32e édition de l'étude annuelle sur les tendances de la demande en tourisme d'affaires / MICE (Meetings, Incentive, Conventions, Events), réalisée par Coach Omnium, société d'études et de conseil spécialisée dans le tourisme et l'hôtellerie, présentées à la presse le 9 avril, à Paris. Séminaires, réunions... « En 2024, on constate un recul sur tous les types de manifestations », explique Perrine Edelman,directrice associée de Coach Omnium. En cause : la tenue des Jeux Olympiques qui a freiné l'organisation d'événements dans les villes concernées, mais aussi, l'incertitude politique et économique et l'inflation. De fait, 65% des organisateurs de MICE déclarent que leurs budgets ont tendance à baisser depuis déjà trois ans, 19% les déclarent stables et 18%, en hausse. La tendance générale concernant le nombre d'événements organisés chaque année va dans le même sens : 53% des organisateurs annoncent une baisse, 29% une stabilité et 18% une hausse.
D'autres signaux encore semblent confirmer cette tendance à davantage de sobriété. Par exemple, le pourcentage de sociétés qui déclarent avoir organisé des réunions en interne a fortement augmenté : il est passé de 39% en 2023 à 46% en 2024. Durant la même période, les événements prévus sur une assez longue durée ont perdu des adeptes. En 2024, 3% seulement des entreprises déclarent organiser des événements qui durent entre quatre et sept jours. En 2023, elles étaient 11%. Et pour 2025, le contexte général d'incertitudes continue de peser lourd sur les prévisions : 38% des commanditaires envisagent une baisse de leurs activités, contre 42% qui prévoient une stabilité et 15% seulement une hausse. En matière budgétaire, 60% tablent sur une stabilité, 18% une baisse et 11% une hausse. Environ 8% des répondants ne savent pas faire de prévisions. Depuis la tenue de l' enquête (en janvier), les incertitudes n'ayant fait que croître, il est plausible que ce pourcentage ait augmenté.
Concentration en milieu de semaine
Mais les contraintes budgétaires n'expliquent pas tout. Les pratiques des entreprises sont également le fruit d'évolutions sociétales, des modes de travail et de l'offre. Par exemple, le fait de tenir les événements dans les locaux de l'entreprise tient aussi au fait que d'importantes sociétés se sont équipées de centres à cet effet et plus largement, à l'évolution de la conception immobilière qui prévoit ce type d'équipements. Autre exemple, la diminution de la durée des événements au profit de ceux qui durent deux jours. « Il devient de plus en plus difficile de trouver des disponibilités, et on note une concentration des événements sur les milieux de semaine. Ce phénomène qui avait déjà commencé avec les RTT s'est encore accentué avec le télétravail », analyse Perrine Edelman.
Les préoccupations sociétales et environnementales transforment-elles les MICE ? Enjeux écologiques et économiques sont parfois difficiles à démêler, tout comme les déclarations d'intentions vertueuses des actes. En tout cas, près du quart des entreprises interrogées expliquent avoir réduit le nombre de manifestations organisées, dans l’objectif de limiter leur impact sur l’environnement. Et elles sont nombreuses à déclarer faire des efforts en ce sens. Par exemple, 67 % d'entre elles assurent privilégier des destinations accessibles en train pour les événements en France. Plus de huit sur 10 prétendent introduire des critères RSE dans leur cahier des charges de leurs manifestations MICE. Lors de la conférence de presse, toutefois, aucun des professionnels du secteur présents dans la salle n'avait observé cette tendance dans les devis qui leur sont demandés.