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Les femmes managers toujours ciblées par les stéréotypes de genre
Remarques sexistes, discriminations… Les femmes continuent à accumuler les stéréotypes à leur encontre. Ce alors que plus du tiers des fonctions managériales et de direction sont assumés par des femmes, contre environ 10% à l’aube des années 1980, grâce à plusieurs mesures législatives favorables (loi Copé-Zimmermann, Index de l’Égalité professionnelle…).
Si sept actifs sur 10 restent indifférents au fait d’être dirigé par une femme ou un homme, les remarques sexistes sur la capacité de la gent féminine à diriger et les discriminations au travail envers les femmes demeurent. Une femme sur trois (37%) a ainsi le sentiment d’avoir été discriminée au travail en raison de son genre, notamment sur le plan financier, contre 26% des hommes. Soit pour obtenir une revalorisation salariale, pour voir leurs missions ou leur poste évoluer ou dans le travail quotidien. Les plus visées étant celles exerçant des fonctions de management (50%), celles travaillant dans l’industrie (56%) ou encore celles âgées de 18 à 29 ans (43%).
La situation des femmes en général, et des dirigeantes en particulier, reste soumise en entreprise à de nombreux obstacles et stéréotypes de genre. C’est ce que met en avant une étude sur le management au féminin*, réalisée par l’Ifop à la demande de l’agence spécialisée en data FLASHS et de l’entreprise d’hébergement web Hostinger. Ainsi, 53% des actifs et retraités interrogés ont déjà entendu sur leur lieu de travail des propos sexistes visant une femme manager. Les femmes sont 58% dans ce cas, et parmi elles, 74% des 18-29 ans. En haut de la liste des assertions sexistes, 41% des femmes ont déjà entendu dire d’une manager faisant preuve d’autorité « Elle est de mauvaise humeur, elle doit avoir ses règles ! ».
Un actif sur cinq préfère un management masculin
Le physique (31% des Français ayant déjà travaillé) et les compétences (31%) sont également ciblés. Plus du quart (27%) des actifs et retraités ont par ailleurs déjà été témoins de propos laissant entendre qu’une femme en situation de direction avait obtenu son poste en échange de faveurs de nature sexuelle, la fameuse « promotion canapé ». Par ailleurs, il n’est pas rare qu’une manager soit qualifiée d’ « hystérique » au seul motif qu’elle est une femme (22%), ou encore qu’elle doit son poste à son genre (18%). « Il est malheureusement encore courant que les femmes soient victimes de remarques sexistes lorsqu’elles sont en position de direction. Elles subissent aussi dans leur ensemble, et plus que les hommes, différentes formes de discrimination », relève Louise Jussian, chargée d’études Opinion & Stratégies d’Entreprise à l’Ifop. Si la tendance à préférer un manager homme s’est estompée au cours des 40 dernières années, un actif sur cinq (22%, contre 46% en 1987), préfère toujours aujourd’hui travailler sous les ordres d’un homme plutôt que sous ceux d’une femme, invoquant notamment des interactions professionnelles plus aisées avec un homme. Dans certains secteurs comme la construction, le chiffre grimpe à 43%.
Même les jeunes ne semblent pas être de bons élèves, puisque 34% des hommes de moins de 35 ans préfèrent travailler sous les ordres d’un homme. De la même manière, 29% des actifs (contre 39%, en 1987) trouvent qu’il est plus facile de travailler avec un homme. « Un nombre non négligeable de jeunes hommes affichent clairement leur préférence pour un environnement et un management au masculin, confirmant l’émergence d’une vision plus traditionaliste, voire l’adhésion pour certains d’entre eux à des thèses très masculinistes », commente Louise Jussian. A noter cependant que pour six actifs sur 10 aujourd’hui, les relations sont les mêmes, quel que soit le genre.
Pour 74% des Français, faire carrière est plus difficile pour une femme
Résultat de ces discriminations et stéréotypes qui perdurent, l’étude montre qu’un nombre non négligeable de femmes s’interdisent d’envisager prendre des responsabilités par manque de confiance en leurs compétences ou par crainte de ne pouvoir concilier vie professionnelle et vie privée. La moitié des femmes qui ne souhaitent pas devenir manager invoquent cette crainte par rapport à leur vie privée. En outre, 57% estiment ne pas avoir « la personnalité » d’un manager. Ce renoncement trouve sa source pour 44% des femmes dans le sentiment de ne pas se sentir légitimes ou de ne pas avoir les compétences requises pour un tel poste, une réalité qui touche particulièrement celles dont la mère était femme au foyer (54%). « Les raisons pour lesquelles certaines femmes y renoncent [à accéder à des postes à responsabilité, sic] – manque de confiance, sentiment d’illégitimité ou crainte de ne pouvoir assumer vie privée et vie professionnelle – restent marquées par un conditionnement toujours très présent », note Louise Jussian.
De fait, pour les trois quarts des Français (74%), il serait plus difficile de faire carrière et d’accéder à de hautes responsabilités quand on est une femme. Néanmoins, alors que femmes et hommes aspirent à occuper un poste de manager dans les mêmes proportions (31%) et 28%, à quasi-parité également, à devenir membre d’une équipe de direction au sein d’une entreprise, une proportion positive de femmes accède effectivement à des postes de management et de direction. A noter d’ailleurs que celle-ci n’a pas cessé de progresser en France ces dernières décennies, avec près d’un tiers d’entre elles qui occupent ce type de fonctions, contre environ une sur 10 à l’aube des années 80.
* Étude réalisée par l’Ifop pour Hostinger du 7 au 13 mai 2024, par questionnaire autoadministré, auprès de 2 500 personnes (dont 1 254 en activité professionnelle) de 18 ans et plus.
Charlotte DE SAINTIGNON