Les perspectives d’embauche demeurent favorables, mais le repli se confirme

Dans un contexte économique morose, les entreprises restent prudentes. Concernant leurs effectifs, elles vont ralentir un peu la cadence cette année. Après deux années record, les intentions de recrutement diminuent : 2,78 millions d’embauches (hors contrats courts) sont prévues, en baisse de 8,5% par rapport à l’année 2023 (soit 257 000 projets de moins ), selon l’enquête sur les « Besoins en main-d’œuvre » de France Travail (ex Pôle Emploi), réalisée auprès des entreprises en collaboration avec le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), parue le 24 avril. Ce chiffre marque un retour aux niveaux d’embauche observés avant la crise sanitaire. Environ 61% des recrutements anticipés en 2024 devraient être des emplois durables, incluant des contrats d’une durée d’au moins six mois ou des CDI, témoignant ainsi d’un certain dynamisme du marché du travail, malgré les défis persistant auxquels il est confronté.

Les TPE, moteurs de la création d’emploi

Si le nombre d’entreprises prévoyant d’embaucher diminuent (28%, contre 31% en 2023), la dynamique reste forte, en particulier chez les TPE et PME, confirmant ainsi leur rôle dans la création d’emploi en France. Les entreprises de moins de 50 salariés dominent, en effet, les intentions d’embauche et seraient à l’origine de 70% des projets de recrutement pour 2024. De plus, ce sont surtout les établissements de moins de 10 salariés qui recrutent.

Quels secteurs recrutent le plus ?

Les intentions d’embauches pour 2024 se concentrent dans certains secteurs d’activité. Seuls les services financiers et d’assurance affichent une hausse de 6,4% du nombre de projets de recrutement. Les services aux particuliers et aux entreprises restent le premier secteur recruteur, avec près de deux intentions d’embauche sur trois prévues (mais en repli par rapport à 2023, respectivement de 6 et 7,1 %).

Les métiers les plus demandés concernent l’hôtellerie-restauration (serveurs, aides de cuisine, employés polyvalents de la restauration et cuisiniers) et l’agriculture ( viticulteurs, arboriculteurs). S’y ajoutent les métiers d’entretien et ceux de l’aide à la personne et du soin.

En revanche, la construction, en pleine tourmente de la crise du logement neuf, (-18,1%), le transport (-16,4%) et le commerce de gros (-15,8%) comptent embaucher beaucoup moins cette année.

Trouver le bon candidat reste compliqué

Malgré une baisse de 3,6 points par rapport à 2023, les employeurs anticipent toujours des difficultés de recrutement pour 57,4% de leurs projets en 2024. Ces problèmes touchent tout les types d’entreprises, quelque soit leur taille. Parmi les principaux obstacles au recrutement cités figurent un nombre insuffisant de candidats qualifiés (85%), un profil ne correspondant pas aux attentes des entreprises (76%), des conditions de travail peu attractives (36%) ou encore un déficit d’image de l’entreprise et du secteur d’activité (24%). Certains métiers, comme les carrossiers automobiles, les couvreurs et les aides à domicile et auxiliaires de vie, sont particulièrement touchés par les pénuries de main-d’œuvre.

En parallèle, l’enquête « Offres pourvues et abandons de recrutements 2023 » révèle que 83% des offres d’emploi déposées sur France Travail pendant plus d’un mois ont été pourvus l’an passé, soit un chiffre stable par rapport à 2022. Toutefois, la part des abandons de recrutement faute de candidats progresse légèrement, passant de 6,2% en 2022 à 6,9% en 2023. Au total, 245 000 postes vacants sur France Travail n’ont pu être attribués pour cette raison, dont 161 000 concernaient des contrats durables (CDI ou CDD de plus de six mois).

AÏcha BAGHDAD et B.L